E. LACAZE (Numéro 4 Production) : « Avec STUDIO+ le vrai challenge était de réinventer la série de 10X10’ »

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Déployée par le Groupe Vivendi, STUDIO+ est la 1ère application dédiée aux séries courtes premium. Parmi les fictions commandées, «Joy» (10X10’), produite par Emmanuelle LACAZE, Productrice & CEO de Numéro 4 Production. Elle nous partage son retour d’expérience autour de ce modèle de production.

média+ : STUDIO+ réinvente le modèle de production avec des séries tournées pour mobile et tablettes. Cela  impact-t-il la conception des histoires ?

Emmanuelle LACAZE : Il y avait un vrai challenge, celui de réinventer le 10X10’ qui repose sur un mode d’écriture nouveau. Numéro 4 Production a donc coproduit «JOY» avec Soixan7e Quin5e. Il s’agit d’une comédie dramatique dans l’univers du skateboard, tournée aux Etats-Unis en langue anglaise avec un budget d’1 M€. Du pitch à la livraison de la série, 9 mois se sont écoulés. Il s’agit d’un cycle très rapide et une bonne façon d’emmener une équipe motivée dans ce type de budget et de planning. Cinq semaines de tournage ont été nécessaires. Nous avons tourné dans une cinquantaine de décors avec de jeunes comédiens américains, choisis en partie en casing sauvage.

média+ : Les nouveaux modes de diffusion sur Internet permettent une liberté de ton, l’exploration de nouveaux territoires. Vous en êtes-vous servi ?

Emmanuelle LACAZE : Bien entendu ! L’idée de «JOY» est de s’adresser à une cible jeune, dans le monde entier. C’est d’ailleurs l’ADN de l’application STUDIO+ (qui dans 18 mois deviendra accessible à 600 millions de personnes dans vingt pays, ndlr). Parmi toutes les fictions produites par STUDIO+, nous sommes sans doute la plus adolescente. On est clairement dans la lignée de films comme «Joue là comme Beckham». L’idée était de s’inspirer de ce modèle hollywoodien et de l’adapter au format très spécifique du mobile. Pour cela, il fallait un cliffhanger environ toutes les 8’. Nous sommes partis avec l’envie d’être proche des comédiens avec une caméra à l’épaule. C’est plus adapté pour les petits écrans. La série est réalisée par Nan Feix, un réalisateur ayant un profil publicitaire et qui a été capable de réaliser dans un temps très serré.

média+ : Créée il y a 5 ans, quelle est aujourd’hui l’ambition de Numéro 4 Production ? 

Emmanuelle LACAZE : Notre ambition initiale est de développer très peu de projets pour s’y investir pleinement et tout particulièrement en phase d’écriture et de développement. Pas de ligne éditoriale affichée mais l’envie de découvrir, d’accompagner et de faire grandir de jeunes talents. L’envie aussi d’imaginer de nouvelles formes d’écriture, de s’essayer à de nouveaux formats et de renouveler à chaque fois la manière de produire. Dans la mesure où l’on raconte des histoires, travailler pour le cinéma et la télévision c’est un peu la même chose pour moi. Nous avons développé et produit le premier film de Sylvie Testud «La vie d’une autre» avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz dans les rôles principaux, sorti en salles en février 2012 (et qui a enregistré 400.000 entrées France, ndlr). Il s’agissait de mon premier film et je disposais d’un budget de 6 M€. Numéro 4 développe également le second film de Ruben Amar, «La vie compliquée de Vincent Pleutre». Il avait déjà assuré la réalisation de «Swim little fish swim» sorti en France et aux Etats-Unis en avril 2014. Enfin, je travaille sur une série courte pour mobile qui est l’adaptation d’un roman américain. Trois ans auparavant, j’ai acquis les droits du roman «Decomposition» de Jason Eric Miller pour un jeune réalisateur, Clément Deneux. L’idée est de monter le projet.

média+ : En quoi consiste votre 2ème activité au sein de Gédéon Communication ?

Emmanuelle LACAZE : Notre spécificité est de concevoir l’identité visuelle et communication des chaînes de télévision. Cela comprend les logos, les habillages, les décors, les sonores. Dernièrement, nous avons fait le rebranding de Voyages, CSTAR, la Sexta en Espagne ou encore une salve d’Idents pour OCS.