Election présidentielle: les règles du temps de parole dans les médias

1719

Comment contrôler les temps de parole des candidats, officiels ou présumés, dans les médias à l’approche de l’élection présidentielle ? Une question hautement sensible qui agite déjà le monde politique. Le CSA apporte ses réponses, en présentant jeudi ses recommandations aux radios et télévisions.

– Des décomptes faits par les médias: «Veiller au respect du pluralisme politique, l’un des fondements de notre démocratie, est une des missions du CSA», affirme le régulateur. Au quotidien et plus encore en période électorale, il est chargé de «vérifier que la parole de chaque courant politique s’exprime dans les programmes de radio et de télévision». Ce sont les grandes chaînes et stations, comme France Télévision, CNews, RTL, qui assurent les décomptes des temps de paroles et les transmettent au CSA, qui effectue des contrôles par échantillonnage.  

– En temps normal: un tiers à l’exécutif, deux tiers aux partis : Au quotidien, donc hors période électorale, la règle est de donner la parole un tiers du temps à l’exécutif (c’est-à-dire le président de la République, ses collaborateurs et les membres du gouvernement). La parole du chef de l’Etat n’est décomptée que quand elle relève du «débat politique» et non pas lorsqu’elle a trait à ses fonctions de président. Les deux tiers restants sont affectés aux partis politiques (y compris ceux issus de la majorité présidentielle), selon leur représentativité (à savoir les résultats aux dernières élections, sondages, etc). Il n’est pas toujours simple d’interpréter ces critères, notamment depuis l’émergence d’Emmanuel Macron et plus récemment avec Eric Zemmour. «La contribution des formations politiques à l’animation du débat politique est également prise en compte», mentionne le CSA.

– Des règles spécifiques avant l’élection présidentielle : A partir du 1er janvier et jusqu’au scrutin des 10 et 24 avril, vont s’appliquer des règles spécifiques. En plus du «temps de parole», que les télés et radios doivent décompter, apparaît le «temps d’antenne», une notion uniquement utilisée pour la présidentielle. Ce temps plus large comprend la parole du candidat et tout ce qu’il y a autour (comme la description par un journaliste d’un meeting par exemple). Du 1er janvier au 27 mars, le «principe d’équité» du temps de parole et du temps d’antenne doit être respecté, selon le poids politique de chacun. A partir du 8 mars, date à laquelle les candidatures officielles seront connues, ce «principe d’équité» est renforcé par la mention de «conditions de programmation comparable». Le CSA recommande que chaque candidat et ses soutiens aient accès aux 4 tranches horaires (matin, journée, soirée, nuit) de manière équitable. 

– Le principe d’«égalité», juste avant le scrutin : Durant la dernière période avant le scrutin, ce que le CSA décrit comme la «campagne électorale», soit les deux semaines précédant le 1er tour, le principe d’«égalité» du temps de parole et d’antenne accordés aux candidats et leurs soutiens devient la règle et non plus celui d’«équité». «A compter du lundi suivant le 1er tour jusqu’au vendredi inclus précédent le 2nd tour, le principe d’égalité doit être respecté» entre les deux candidats restants, écrit la CSA. 

– Le cas complexe du président en campagne : Comme l’explique le CSA, «si le président est candidat déclaré ou présumé, toutes ses interventions relevant du débat politique, sont sauf circonstances exceptionnelles, prises en compte». Or, le tri n’est pas toujours facile à faire et particulièrement au 1S 2022, où la France occupe la présidence tournante de l’UE, ce qui va de facto propulser Emmanuel Macron sur le devant de la scène. Selon les recommandations du CSA, les interventions du président qui relèvent de la présidence de l’UE ne sont pas prises en compte, «à l’exception de celles qui sont susceptibles, en fonction du contenu et du contexte, de relever du débat politique».