Emeutes : TikTok et Snapchat, des amplificateurs de violences urbaines ? 

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Trois nuits d’émeutes urbaines en France relayées en masse sur les réseaux sociaux : TikTok, Snapchat et consorts sont dans le collimateur du gouvernement, qui dénonce «une forme de mimétisme de la violence» et demande aux plateformes «d’organiser le retrait des contenus les plus sensibles». «Incendies et tensions après la mort de Nahel», #Nahel, #nanterre, #police, #GuerreCivile… Les mots clés ou tendances suggérés par les algorithmes des réseaux sociaux renvoient en grande majorité vers les vidéos chroniquant la flambée de violence qui touche la France depuis le décès de Nahel M., 17 ans, lors d’un contrôle policier mardi à Nanterre près de Paris. Sur Snapchat, réseau social très prisé de la jeunesse qui propose une carte interactive permettant d’indiquer en temps réel les lieux où sont concentrées les publications, les vidéos de dégradations et d’affrontements avec les forces de l’ordre sont devenues virales. «A l’époque (des émeutes) de 2005, on n’avait pas les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ça va très vite», a alerté vendredi sur la radio RMC Mohamed Mechmache, fondateur du collectif ACLEFEU, qui intervient dans les banlieues et les quartiers dits sensibles, craignant que ces outils alimentent davantage les émeutes. «Sur les réseaux sociaux, ça tournait en boucle en disant +on s’unit pour aller attaquer la police+», a encore déploré Jean-Marc Luca, directeur départemental de la sécurité publique de l’Essonne, un département de la région parisienne. Face à ce phénomène, le président français Emmanuel Macron a dit vendredi attendre un «esprit de responsabilité» des grandes plateformes des réseaux sociaux, où s’organisent «des rassemblements violents» et qui suscitent «aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel». «On a le sentiment parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués», a-t-il aussi estimé dans une critique des jeux vidéo phénomènes «Grand Theft Auto» ou «Call of Duty Warzone», alors que de nombreuses vidéos inondant les réseaux sociaux y font référence. 

Réunion ministérielle avec les plateformes : «Nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions (…) d’abord en lien avec ces plateformes», a encore annoncé M. Macron. Dans ce contexte, une réunion entre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, celui du Numérique Jean-Noël Barrot et les plateformes numériques a eu lieu en fin d’après-midi. «Les ministres ont notamment rappelé aux plateformes leur responsabilité quant à la diffusion de ces publications», indique un communiqué du ministère de l’Intérieur. Et de leur demander de «s’engager activement pour retirer instamment les messages qui leur sont signalés et identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d’infractions, et de répondre promptement aux réquisitions des autorités». De son côté, Meta, maison-mère de Facebook, explique avoir «des politiques claires interdisant tout contenu qui incite à la haine et la violence sur Facebook et Instagram».