Emmanuel HOOG, Président Directeur Général de l’Agence France-Presse

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Les agences de presse font face à des enjeux de modernisation et d’innovation. Et pour nous détailler les axes de développement opérés par l’Agence France Presse, média+ s’est entretenu avec Emmanuel HOOG, PDG de l’AFP. Il nous évoque les différents enjeux propres à l’entreprise.

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Comment l’AFP s’est-elle transformée depuis votre arrivée à sa tête il y a 5 ans ?

Emmanuel HOOG

Avant mon arrivée, l’agence disposait d’une excellente production de photos, de textes et d’infographies. En revanche, nous avions un déficit majeur en matière de vidéos. Notre statut de troisième agence mondiale de presse était donc menacé. Mon premier souci était industriel. En 5 ans, nous avons comblé ce déficit car nous produisons à ce jour plus de 200 vidéos quotidiennement vendues à plus de 500 chaînes ou sociétés de production à travers le monde. Des diffuseurs internationaux tels que CNN, BBC ou Al Jazeera font partie de nos clients. La vidéo est l’élément le plus dynamique de notre chiffre d’affaires et devrait bientôt atteindre les 10%. Chez notre principal concurrent, Associated Press (A.P.), la vidéo représente 25% de leur chiffre d’affaires. L’AFP a donc une grande marge de manœuvre. Posséder une offre puissante de vidéos permet aussi d’accéder à de nouveaux clients: sites et chaînes du monde entier. D’ici quelques semaines, nous serons en mesure de produire une offre de vidéos en direct qui permettra de suivre non seulement des conférences de presse mais aussi des événements spéciaux. 

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Après avoir lancé «AFP TweetFoot», une solution pour suivre le meilleur du football européen avec Twitter, l’agence souhaite-t-elle surfer sur toutes les opportunités ?

Emmanuel HOOG

Les réseaux sociaux sont un élément constitutif du monde de l’information. Notre souhait est de développer la notoriété de l’AFP. Dans l’Hexagone, notre croissance est relativement faible dans la mesure où nous sommes installés depuis très longtemps sur le marché national. La problématique commerciale ne se pose pas de la même manière à l’étranger, la concurrence étant frontale vis-à-vis d’A.P. et de Reuters. A l’étranger, les marges de manœuvres et les capacités de croissance sont beaucoup plus fortes qu’en France. Cette stratégie de conquête doit s’appliquer dans un secteur particulièrement anglo-saxon.

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Comment l’AFP se positionne-t-elle face à l’émergence des réseaux sociaux ?

Emmanuel HOOG

Certains observateurs ont pu déclarer que les réseaux sociaux dépasseraient les agences de presse. Au contraire, ces nouveaux relais nous donnent plus de travail. Toutes les entreprises de médias et d’informations sérieuses, dès qu’elles regardent les réseaux sociaux, se tournent très rapidement vers les agences de presse qui sont autant d’acteurs de certification de l’information.  

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Quelle est à ce jour votre politique de partenariats ?

Emmanuel HOOG

Historiquement, nous avons toujours scellé des accords liés à des fonds de photos. L’AFP distribue par exemple les clichés de l’INA sur sa plateforme AFP Forum. Ce type d’accord est un complément à l’offre en place. A l’avenir, j’aimerais sceller des partenariats dans une logique de mandats, mais cette fois-ci en matière de vidéos.