Entretien avec… Olivier Mille, Président de la Commission Télévision de la Procirep

    Hier soir était décerné le 14ème Prix du Producteur Français de Télévision au Showcase à Paris. Olivier Mille, Président de la Commission Télévision de la Procirep (Société des producteurs de cinéma et de télévision) présente pour media+ les lauréats 07 et nous expose son point de vue sur la situation des producteurs français de télévision.

    média+: Pouvez-vous nous présenter le Prix du Producteur Français de Télévision ainsi que les lauréats ?

    Olivier Mille : Le Prix du Producteur Français de Télévision est un prix qui existe depuis 14 ans. Il a été institué pour valoriser le métier de producteur de télévision mal connu il y a encore 15 ans. C’est un métier essentiel dans la création télévisuelle qui produit les grandes œuvres de fictions, de documentaires et d’animation diffusées sur toutes les grandes chaînes. Nous avons remis hier soir: Le Prix du Producteur de Télévision de l’année à Cipango qui s’est fait remarqué par un certain nombre de programmes marquants ces trois dernières années, par sa ligne éditoriale, son inventivité, sa capacité à développer une société ambitieuse et importante, et sa capacité à produire des programmes innovants; Le Prix du Jeune Producteur à Treize au sud; Le Prix Export 2007-Animation à Xilam Animation pour «Shuriken School»; Le Prix Export 2007-Documentaire à Les Films d’ici pour «Signé Chanel» et le Prix Export 2007-fiction à Telfrance pour «Lagardère».

    média+: Quel est selon vous l’avenir des producteurs français ?

    Olivier Mille : Je pense que les producteurs français au fil des années sont devenus un élément indispensable et essentiel à la télévision. Depuis 10 ans, 60 fictions françaises sont parmi les 100 meilleures audiences de l’année toutes chaînes confondues. Cela prouve à quel point la création télévisuelle française a su faire des œuvres fortes très identitaires pour les chaînes. L’animation est un enjeu très important pour le jeune public. Une proposition française face à l’animation américaine ou japonaise est essentielle pour notre culture. En quelques années, la France est devenue le troisième producteur d’animation au monde et le premier en Europe. Nos créateurs nous sont enviés dans le monde entier. Cela prouve qu’il y a un dynamisme et une créativité très forte. Le documentaire est passé en prime time sur des grandes chaînes comme France 2 ou France 3. Le documentaire français s’exporte et gagne même des Oscars à Hollywood. Toute cette force est née des producteurs de télévision. Je ne pense pas qu’ils vont disparaître et je présage qu’ils vont se développer dans les années à venir. Plus nous allons multiplier les chaînes, les différents moyens d’accès aux programmes, que ce soit la VOD, Internet, DVD, plus le rôle du producteur sera essentiel.

    média+: Faut-il alléger la réglementation pour donner plus de liberté ?

    Olivier Mille : Nous avons mis au point en France un système qui nous est envié dans le monde entier, une réglementation importante et large pour la télévision qui a porté ses fruits. C’est grâce à cette réglementation qu’en 20 ans, la production indépendante est partie de rien et qu’aujourd’hui nous avons une véritable industrie de programmes capable de faire émerger des talents. Nous proposons une palette de programmes très large à toutes les chaînes de télévision. Il y a aujourd’hui un combat politique: la réglementation va être améliorée, je l’espère, pour s’adapter aux nouveaux vecteurs, à l’arrivée d’Internet, de la VOD. Le réglementation doit suivre les évolutions technologiques des médias mais il ne faut en aucun cas la réduire. Aucun gouvernement ne serait suffisamment aveugle pour ne pas voir tous les fruits et toute la richesse que cette réglementation a permis de mettre en place.
    média+: Que pensez-vous du projet de réforme de l’audiovisuel ?

    Olivier Mille : Nous avons eu tendance à dire que ce système était un boulet que traînaient les chaînes. Or, après 10-15 ans de cette réglementation, on s’aperçoit que les chaînes de télévision, dont le service public, se sont développées en produisant beaucoup de choses de grande qualité. Ça n’a absolument pas empêché les chaînes commerciales de devenir importantes à l’échelle européenne et de gagner beaucoup d’argent. La réglementation n’est pas un frein. Pour améliorer le financement des chaînes, il faudrait augmenter la redevance (pour le service public) et augmenter la part de publicité (pour les chaînes privées comme publiques). Pour l’instant, la réglementation est très limitative sur le temps de publicité. Le problème est qu’il n’y a pas assez d’argent dans le système. C’est cela que la réforme doit viser et non pas diminuer l’obligation d’investissement dans la création car ce serait totalement contre productif.