Éric Zemmour visé par une nouvelle enquête après ses propos sur l’islam et l’immigration

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Récemment condamné pour des propos anti-musulmans, le polémiste Éric Zemmour est visé par une nouvelle enquête après sa violente charge contre l’immigration et l’islam, lors d’une réunion organisée par des proches de l’ex-députée d’extrême droite Marion Maréchal. Dans ce discours, prononcé samedi lors de la «Convention de la droite», il s’en était pris, entre autres, aux immigrés «colonisateurs» et à «l’islamisation de la rue». Il a aussi cité l’écrivain Renaud Camus, théoricien du «grand remplacement» de la population blanche et chrétienne par une population immigrée musulmane. «En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés – je ne dis pas créés – par l’immigration: école, logement, chômage, déficits sociaux, dette publiques, ordre public, prisons, qualifications professionnelles, urgences aux hôpitaux, drogue… Et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine», avait également déclaré M. Zemmour. Le parquet de Paris a annoncé mardi l’ouverture de cette enquête pour «injures publiques en raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée» et «provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence, à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée». «Je serais curieux de savoir si le parquet a pris connaissance de l’intégralité du discours d’Éric Zemmour car il est de jurisprudence constante que la critique, même dure, d’une religion n’est pas répréhensible. Il n’y a pas de délit de blasphème en France», a réagi Me Olivier Pardo, l’avocat du polémiste. Ces déclarations ont suscité un tollé, jusqu’au sein du gouvernement. Le Premier ministre en personne, Édouard Philippe, a condamné des discours «nauséabonds et profondément contraires à l’idée que nous nous faisons de la France et de la République». L’Observatoire national contre l’islamophobie, une instance qui dépend du Conseil français du culte musulman, a dénoncé mardi un discours «inacceptable» qui «cache une volonté manifeste de fracturer la société». Mardi soir, la chaîne Paris Première, l’un des employeurs du polémiste, a annoncé dans un communiqué l’avoir «convoqué» afin de «revenir sur les propos particulièrement choquants et provocateurs tenus dans le discours introductif de la Convention de la droite». La direction de la chaîne dit lui avoir «rappelé fermement les conditions de sa participation à l’émission «Zemmour et Naulleau» avant la reprise de la nouvelle saison», mercredi soir. Mi-septembre, Éric Zemmour avait été définitivement condamné, après le rejet de son pourvoi en cassation, à 3.000 euros d’amende pour provocation à la haine religieuse après des propos anti-musulmans tenus en 2016. Lors de l’émission «C à vous» diffusée le 6 septembre 2016 sur France 5, il avait affirmé que la France vivait «depuis trente ans une invasion» et que, «dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées», se jouait une «lutte pour islamiser un territoire», «un jihad».La diffusion en direct du discours d’Éric Zemmour samedi par LCI a par ailleurs donné lieu à «près de 400» saisines du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), a indiqué lundi ce dernier. La chaîne du groupe TF1 a reconnu une «erreur d’appréciation». «La diffusion du discours dans l’état n’était pas le format approprié pour notre chaîne», a indiqué dimanche sa direction dans un communiqué. «Il y a bien eu contradiction et déconstruction des propos d’Éric Zemmour, mais c’était après-coup».