Facebook bloqué en Chine : Zuckerberg n’en poursuit pas moins une offensive de charme

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Facebook a beau être inaccessible en Chine, où le réseau social est bloqué par les censeurs, son cofondateur Mark Zuckerberg n’en poursuit pas moins une offensive de charme dans le pays avec un atout rare: il s’y exprime désormais… en mandarin. 

Invité à prononcer une allocution devant un amphithéâtre d’étudiants de la prestigieuse université Tsinghua, mercredi à Pékin, il a stupéfié son public en lançant en chinois: «Bonjour tout le monde!». Le jeune trentenaire, à la tête du plus gros réseau social du monde, a ensuite mené en chinois une séance de questions-réponses d’une demi-heure, suscitant encouragements et applaudissements d’un auditoire conquis, selon une vidéo mise en ligne jeudi. «Apprendre la langue m’aide à étudier la culture. Et puis, j’aime les défis», a lancé l’Américain, non sans quelques prononciations incertaines. Mark Zuckerberg a répondu à des questions simples, formulées par un présentateur bienveillant, sur sa couleur préféré («le bleu», emblématique du logo Facebook), son plat chinois favori, ou la famille sino-américaine de son épouse Priscilla Chan. 

Mais il a également abordé des thèmes plus ardus, dont sa philosophie de créateur d’entreprise: «Le plus important est de ne pas baisser les bras» et «de croire en sa mission», a-t-il déclaré. «Les meilleures entreprises n’ont pas été fondées parce que le fondateur voulait créer une entreprise, mais parce qu’il voulait changer le monde!», a-t-il poursuivi avec enthousiasme. Il n’a pas manqué de rendre un hommage appuyé à la Chine, «qui compte beaucoup des firmes les plus innovantes du monde». Et de citer le géant du commerce en ligne Alibaba, les applications de messagerie du groupe internet Tencent, ou encore Xiaomi, fabricant de smartphones en plein essor. 

Le paradoxe est que Facebook est bloqué en Chine continentale depuis 2009 – à l’instar de Twitter, YouTube ou encore, depuis peu, Instagram -, par des autorités communistes exerçant un contrôle étroit du partage d’informations sur l’internet. Les responsables de Facebook multiplient pourtant les voyages à Pékin, pour participer à des conférences professionnelles ou s’entretenir avec des dirigeants chinois. En début de semaine, Mark Zuckerberg a été nommé membre du conseil d’administration de la School of Economics and Management de l’université de Tsinghua – où il s’exprimait mercredi. 

«Nous sommes déjà présents en Chine!», a insisté le cofondateur de Facebook, assurant s’y être lui-même rendu à 4 reprises. «Nous aidons des entreprises chinoises à gagner de nouveaux clients à l’international, via des publicités sur Facebook. Nous voulons tisser des liens entre la Chine et les différentes parties du monde», a-t-il expliqué, toujours en mandarin. De fait, nombre d’institutions chinoises – des municipalités désireuses d’attirer des touristes, mais aussi des médias d’Etat – utilisent Facebook pour leur promotion à l’étranger. Les performances linguistiques du jeune homme impressionnaient nombre d’internautes chinois – malgré des critiques parfois acerbes sur sa prononciation «à couper au couteau». Certains spéculaient toutefois sur les motivations stratégiques ayant amené le patron de Facebook à se mettre au mandarin, la Chine comptant la plus grosse population d’internautes du monde (620 millions).