Facebook confronté à la colère d’ONG américaines de défense des droits civiques

335
World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017
Mandatory Credit: Photo by GIAN EHRENZELLER/EPA/REX/Shutterstock (7916860az) The facebook logo inside the facebook Chalet on the sideline of the 47th annual meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, 20 January 2017. The meeting brings together enterpreneurs, scientists, chief executive and political leaders in Davos January 17 to 20. World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017

Le retour de bâton continue: longtemps vu comme un porte-voix pour les dissidents politiques ou défenseurs des libertés, Facebook est confronté désormais à la vive colère d’ONG américaines de défense des droits civiques et à un appel au boycott. Dans une lettre datée de mardi et adressée au patron de Facebook Mark Zuckerberg, une trentaine d’associations défendant les droits civiques et des minorités ethniques ou religieuses «exigent» qu’il renonce à la présidence du conseil d’administration ou encore que le groupe présente des «excuses» à «toutes les organisations visées par Definers Public Affairs», une firme de relations publiques aux méthodes musclées et controversées engagée par Facebook. «Votre direction est incapable de répondre aux inquiétudes légitimes des défenseurs des droits civiques» et de lutter efficacement contre les contenus discriminatoires, poursuit notamment le courrier, fustigeant l’entreprise pour avoir «délibérément choisi de viser» certaines ONG critiques pour les faire taire ou détourner l’attention. Parmi les signataires de cette missive figurent Muslim Advocates, Bend the Arc Jewish Action ou encore Freedom from Facebook. Secoué par des polémiques à répétition depuis presque deux ans (données, piratage, désinformation…), Facebook a été violemment critiqué en novembre pour avoir fait appel à Definers Public Affairs. Cette entreprise a été accusée d’avoir diffusé de fausses informations pour tenter de discréditer plusieurs groupes critiques envers Facebook et d’avoir tenté de les lier au philanthrope-milliardaire George Soros, bête noire des républicains et cible d’innombrables attaques antisémites. Facebook a, depuis, rompu son contrat avec Definers. Parmi les signataires de la lettre, on trouve aussi la puissante association de défense des droits des Noirs, la NAACP. Elle a parallèlement lancé mardi un appel au boycott pendant une semaine du réseau social (et de sa filiale Instagram) via le hashtag #LogOutFacebook («Déconnectez-vous de Facebook»). Difficile d’évaluer l’impact d’un tel appel à la déconnexion. Facebook compte près de 2,3 milliards d’utilisateurs dans le monde. Sur Twitter, la comédienne et comique américaine Amy Schumer s’est dite «solidaire» de la NAACP en restant absente du réseau pendant une semaine. De même pour la marque de glaces Ben & Jerry’s ou pour le représentant démocrate pour le Mississippi Bennie Thompson.Sans mentionner cet appel, le célèbre journaliste «tech» Walt Mossberg a annoncé mardi son intention de quitter définitivement Facebook, se disant «mal à l’aise» sur un réseau en contradiction avec ses «valeurs». «Les liens de Facebook avec des firmes partisanes, son ciblage des opposants politiques, la diffusion de la désinformation et l’utilisation de Facebook pour faire de la propagande dépeignant de façon trompeuse la communauté noire sont condamnables», a écrit Derrick Johnson, président de la NAACP, dans un communiqué, résumant ainsi une bonne partie des critiques qui empoisonnent le réseau social de façon quasi-permanente. Le NAACP, qui dit aussi avoir restitué un don émanant de Facebook, entend notamment réagir aux rapports commandés par le Sénat américain et dévoilés lundi, affirmant que la campagne de propagande menée par la Russie sur les réseaux sociaux avant la présidentielle américaine de 2016 avait notamment consisté à pousser les Noirs à l’abstention. Parmi les messages et autres contenus trompeurs diffusés par l’Internet Research Agency – accusée d’être une ferme à trolls à la solde du Kremlin-, figurent beaucoup de pages prétendant émaner de groupes de défense des Noirs.