Facebook, en pleine crise de réputation, continue à engranger des profits

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Révélation après révélation, les petits secrets de Facebook sont étalés au grand jour, ce qui n’empêche en rien le géant des réseaux sociaux de continuer à engranger des profits et à satisfaire les investisseurs. Facebook a dégagé 9,2 milliards de dollars de bénéfices nets au 3T, soit 17% de plus qu’il y a un an, rare bonne nouvelle pour le groupe californien, plongé dans l’un de ses pires scandales. Depuis plus d’un mois, les journaux américains égrènent des articles fondés sur les «Facebook papers», des milliers de documents internes remis à la SEC, l’autorité boursière, par Frances Haugen, une lanceuse d’alerte et ancienne ingénieure du groupe californien. En fil rouge des polémiques: Facebook connaissait les dangers – contenus toxiques sur Instagram pour les adolescents, désinformation qui nuit à la démocratie, etc – mais a choisi, en partie, de les ignorer, par souci de préserver ses profits. Ce week-end, des quotidiens américains ont braqué les projecteurs sur le rôle de Facebook dans la polarisation des sociétés. D’après des chercheurs employés par la firme, des utilisateurs américains et indiens, aux vues politiques a priori modérées, sont surexposés à des contenus extrémistes ou conspirationnistes. En cause: des algorithmes cherchant à maximiser l’attention des consommateurs, moteur essentiel de la croissance du groupe. Lundi, de nouveaux articles ont accusé le réseau social de céder à la pression des censeurs au Vietnam ou encore de ne pas être capable de réguler les discours haineux dans le monde, faute de connaissances linguistiques nécessaires. «La réalité, c’est que les réseaux sociaux ne sont pas les principaux responsables de ces problèmes et ne peuvent pas les réparer tous seuls», a assuré Mark Zuckerberg. Il a de nouveau rappelé les investissements massifs de sa société dans la sécurité, avec 40.000 personnes dédiées et un budget parti pour atteindre les 5 milliards de dollars cette année. Le numéro deux mondial de la publicité «fait face à son pire déluge de presse négative, et cela va continuer», a noté Debra Aho Williamson, une analyste du cabinet eMarketer. Mais pour l’instant, ses revenus «ont l’air aussi bons qu’attendu». De juillet à septembre, Facebook a réalisé un c.a. de 29 milliards de dollars (+35% sur un an). Les 2 réseaux (avec Instagram) et messageries (WhatsApp et Messenger) sont désormais fréquentés par 2,8 milliards de personnes tous les jours (11% de plus qu’il y a un an) et par 3,58 milliards d’utilisateurs au moins une fois par mois (+12%). Seule ombre au tableau des investisseurs: la dernière mise à jour du système d’exploitation de l’iPhone, qui donne plus de contrôle aux utilisateurs sur leurs données confidentielles et complique la tâche aux réseaux sociaux en matière de mesures d’efficacité. Snap, maison mère de Snapchat, a publié des résultats décevants la semaine dernière à cause de ce changement, qui a fait plonger son action et entraîné celle de Facebook également vers le bas. «Nous pensons que nous serons capables d’aller de l’avant malgré ces vents contraires», a indiqué Mark Zuckerberg, «grâce aux investissements que nous faisons aujourd’hui» dans de nouvelles techniques de mesure et nouveaux formats. A court terme, le directeur financier David Wehner a tout de même reconnu que le groupe était dans une période d’«incertitude significative», qui pèse sur ses perspectives. Il table sur un c.a. compris entre 31,5 et 34 milliards de dollars pour le trimestre en cours. Mark Zuckerberg a par ailleurs prévenu que les investissements de Facebook dans le «métavers» («metaverse» en anglais) vont réduire son bénéfice opérationnel d’environ 10 milliards en 2021. Il envisage le métavers comme le futur d’internet et de son entreprise: une sorte d’univers parallèle, auquel le grand public accédera via les technologies (lunettes de réalité augmentée, casques de réalité virtuelle, etc).