France 2/ «Dix pour cent»: «Nous nous inspirons du réel», résume l’auteur en chef Fanny Herrero

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Pour chaque saison de «Dix pour cent», la série à succès de retour sur France 2 à partir de la mi-novembre, ses auteurs mènent toujours leur petite «enquête préliminaire» auprès de vrais agents de stars, sous le sceau de la confidentialité évidemment. «Nous nous inspirons du réel», résume Fanny Herrero, l’auteur en chef de la série dont la troisième saison démarrera le 14 novembre. Avant l’écriture de chaque saison, «je m’entretiens avec plein d’agents à Paris pour récolter des histoires et tenter de dégager des thématiques, je mène une sorte d’enquête», précise-t-elle. «Ils me font confiance, je m’engage bien sûr à ne pas utiliser tel quel ce qu’ils me disent». La série se déroule dans une agence d’imprésarios dont les «clients» sont des stars qui jouent leur propre rôle fictif comme, dans les 2 premières saisons, Cécile de France, Nathalie Baye, Fabrice Luchini ou Isabelle Adjani. Jean Dujardin, Béatrice Dalle, Monica Belluci et Isabelle Huppert sont parmi les stars annoncées dans cette 3ème saison. «Nous utilisons ce métier et ce milieu comme un miroir grossissant d’une réalité que d’autres gens peuvent connaître. Comme c’est le milieu du cinéma, c’est plus grand, plus fort, plus coloré, plus intense, un peu plus fou», ajoute Fanny Herrero. «Nous créons toujours une ligne directrice sérieuse», dit-elle. Ainsi les vies des personnages sont toujours traversées par des questions importantes, comme celle de l’homoparentalité. «Nous injectons de la fantaisie après». «L’idée originale (du producteur) Dominique Besnehard est géniale mais après il fallait parvenir à l’appliquer, donner envie aux acteurs de s’y risquer», poursuit-elle. Il fut parfois «compliqué» de convaincre les comédiens de jouer le jeu malgré Besnehard et le réalisateur Cédric Klapisch aux commandes de la 1ère saison: «il a fallu convaincre les comédiens qu’ils allaient s’amuser, que leur image n’en serait pas écornée, au contraire, que ce serait bénéfique», raconte la scénariste, «ce n’est pas très français de se moquer d’un système, d’être dans l’autodérision». «C’est là que j’interviens beaucoup, auprès de ces «guests» (invités) et sur les problématiques d’acteurs», rappelle Dominique Besnehard, créateur et producteur de la série (Mon Voisin prod.). Isabelle Huppert est ainsi campée en boulimique de contrats, un «aspect de son personnage fictionnel conforme à ce qu’elle est dans la réalité», fait-il remarquer. Quant aux agents de stars, «ce sont tous des personnages inspirés de gens que je connais», continue-t-il, «par exemple, je n’ai jamais caché qu’Elisabeth Tanner (présidente du syndicat national des agents, NDLR) a inspiré Andréa Martel» interprétée par Camille Cottin. Lui-même, impresario pendant plus de 20 ans, apparaît sous les traits du comédien Grégory Montel alias Gabriel Sarda, comme le personnage Mathias Barneville, l’agent de la fiction incarné par Thibault de Monthalembert est une émanation de Laurent Grégoire (Adéquat). «C’est amusant de passer de l’autre côté du miroir», commente pour sa part Camille Cottin, «c’est un panel représentatif, assez proche de la réalité». «Le métier d’agent requiert de nombreux et divers talents», fait valoir l’actrice remarquée dans «Connasse». «L’aspect négociation et la fabrication d’un contrat, il y a tout une dimension légale et économique, comment faire monter un comédien, négocier son salaire, mais aussi les aspects artistique et humain, comment établir une relation de confiance sans déborder des relations de travail», explique-t-elle. Il est probable que la
4ème saison dont l’écriture est en cours, soit la dernière, dit-elle, «je trouve ça bien de le savoir à l’avance et la tourner en le sachant, il vaut mieux partir quand il fait beau». Fanny Herrero confirme cette perspective: «Le risque est de devenir mécanique, il ne faut pas d’automatisme, il faut garder un coeur dans l’histoire mais ça s’essouffle aussi…».