Google et la presse: tour d’horizon de relations tumultueuses

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Un accord avec les quotidiens français sur l’application du «droit voisin», une «expérimentation» qui fait tousser le gouvernement australien, et un partenariat avec des centaines d’éditeurs dans plusieurs pays : tour d’horizon des relations tumultueuses entre Google et la presse.
Jeudi, Google a annoncé la conclusion d’un accord cadre qui ouvre la voie à la rémunération des quotidiens français au titre du «droit voisin», ce nouveau droit similaire au droit d’auteur instauré par une directive européenne il y a deux ans. On ignore combien cela rapportera aux journaux, qui doivent maintenant signer des accords de licence avec Google, et dont la rémunération sera calculée individuellement, en fonction de données comme leur audience en ligne. C’est une grande étape pour la presse française, alors que Google avait longtemps combattu le principe même du droit voisin.
Saisie par les journaux, l’Autorité de la concurrence avait enjoint à Google l’an dernier de négocier «de bonne foi» avec les éditeurs de presse sur les conditions d’application de ce droit. Des discussions qui avaient déjà abouti à des premiers accords individuels fin 2020 entre le géant du Net et «Le Monde», «Le Figaro», «Libération» et «L’Express». Autre ambiance aux antipodes : Google a bloqué mi-janvier l’accès d’une partie des internautes australiens à des sites d’information du pays, une mesure présentée par le groupe comme menée à titre «expérimental» et touchant environ 1% des utilisateurs de son moteur de recherche. D’après le groupe cela vise à «mesurer les liens entre les groupes de presse» et Google Search.Mais en pleine offensive de Canberra pour la régulation des Gafa, avec un projet qui vise à contraindre Google et Facebook à rémunérer les médias pour leurs contenus, sous peine de pénalités importantes, cette initiative a été très mal reçue, sachant que les deux groupes avaient déjà menacé de réduire leurs services en Australie si cette mesure était adoptée.
«Les géants du numérique devraient se concentrer sur le paiement du contenu original, et non le bloquer», a protesté le ministre australien des Finances Josh Frydenberg, affirmant que Google et Facebook ne devraient pas empêcher les Australiens d’accéder aux informations locales. Google a lancé l’an dernier News Showcase, un programme dans lequel le moteur de recherche rémunère des médias en échange de contenus qui enrichissent ses services.
Mercredi, le groupe américain a annoncé que le programme comptait désormais 450 membres dans une douzaine de pays, le dernier en date étant un poids lourd de l’information, l’agence Reuters. Le précédent pointage, publié début décembre, faisait état de 400 partenaires. Ce service, conçu comme un tremplin pour les stratégies numériques des journaux, qui peuvent par exemple y tester des formats éditoriaux innovants, s’ajoute à d’autres partenariats pour la presse lancés il y a plusieurs années dont la Google News Initiative, qui inclut des formations et des dispositifs pour aider les médias à monétiser leurs publications en ligne.L’accord signé en France avec l’Apig inclut l’accès à ce programme pour les journaux qui signeront des accords de licence individuels avec Google, comme le prévoyaient déjà ses accords signés fin 2020 avec «Le Monde», «Le Figaro», «Libération» et «L’Express».