Hollywood: les scénaristes en grève

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Faute d’accord, des milliers de scénaristes de télévision et de cinéma américains étaient en grève mardi, après l’échec des négociations avec les principaux studios et plateformes portant notamment sur une hausse de leur rémunération. Ce mouvement social s’est traduit par l’interruption immédiate des émissions à succès, comme les «late-night shows», et d’importants retards pour les séries télévisées et films dont la sortie est prévue cette année. «Nous ne sommes pas parvenus à un accord avec les studios et les diffuseurs. Nous serons en grève après l’expiration du contrat à minuit» lundi (07h00 GMT mardi), avait déclaré le puissant syndicat des scénaristes, la Writers Guild of America (WGA). Les réponses des studios aux demandes ont été «totalement insuffisantes, compte tenu de la crise existentielle à laquelle les scénaristes sont confrontés», a estimé la WGA. Dans la nuit, des scénaristes ont relayé l’appel à la grève sur les réseaux sociaux. «Lâchez vos stylos!», a exhorté sur Twitter Caroline Renard, scénariste de plusieurs séries et programmes de télévision. Lundi en fin de journée, les principaux studios et plateformes, dont Disney et Netflix, représentés par l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP, Alliance of motion picture and television producers) avaient annoncé que les pourparlers avec la WGA «s’étaient conclus sans accord». Cette grève pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’industrie américaine du divertissement. Les scénaristes réclament une hausse de leur rémunération, des garanties minimales pour bénéficier d’un emploi stable et une plus grande part des bénéfices générés par l’essor du streaming. De leur côté, les studios affirment devoir réduire leurs coûts en raison des pressions économiques. Les scénaristes disent avoir du mal à vivre de leur métier, avec des salaires qui stagnent, voire baissent en raison de l’inflation, alors que leurs employeurs réalisent des bénéfices et augmentent les salaires de leurs dirigeants. Ils estiment n’avoir jamais été aussi nombreux à travailler au salaire minimum fixé par les syndicats, tandis que les chaînes de télévision embauchent moins de personnes pour écrire des séries de plus en plus courtes. L’AMPTP a affirmé avoir présenté une «proposition globale» comprenant une augmentation de la rémunération des scénaristes mais ne pas être disposée à améliorer cette offre compte tenu de l’ampleur des autres demandes». Selon son communiqué, les demandes de la WGA en faveur d’une «dotation obligatoire», qui  contraindrait les studios à embaucher un nombre déterminé de scénaristes «pour une période donnée, qu’ils soient nécessaires ou non», constituent l’un des principaux points de désaccord. Le mode de calcul de la rémunération des scénaristes pour les séries diffusées en streaming, qui restent souvent visibles sur des plateformes comme Netflix pendant des années après avoir été écrites, fait également l’objet de dissensions. Pendant des décennies, les scénaristes ont perçu des «droits résiduels» pour la réutilisation de leurs oeuvres, par exemple lors des rediffusions télévisées ou des ventes de DVD. Il s’agit soit d’un pourcentage des recettes engrangées par les studios pour le film ou l’émission, soit d’une somme fixe versée à chaque rediffusion d’un épisode. Avec le streaming, les auteurs reçoivent chaque année un montant fixe, même en cas de succès mondial de leur travail comme pour les séries «Bridgerton» ou «Stranger Things», vues par des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde entier. La WGA réclame la revalorisation de ces montants aujourd’hui «bien trop faibles au regard de la réutilisation internationale massive» de ces programmes. Les studios soulignent, eux, que les «droits résiduels» versés aux scénaristes ont atteint un niveau record de 494 millions de dollars en 2021, contre 333 millions dix ans plus tôt, en grande partie grâce à l’explosion des emplois de scénaristes liée à la hausse de la demande en streaming.