J. KAWAJA et T. HASTINGS (Cardinal) : « Le Canada est en mesure de proposer des séries nordiques inspirantes »

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Jennifer KAWAJA et Tom HASTINGS, Productrice de «Cardinal» et Directeur Drama chez Bell MEDIA

Jennifer KAWAJA et Tom HASTINGS

Productrice de «Cardinal» et Directeur Drama chez Bell MEDIA

Véritable succès outre-Atlantique, la série canadienne «Cardinal» s’exporte aujourd’hui dans le monde. Dans le cadre de leur venue au Festival de TV de Monte-Carlo, Jennifer KAWAJA et Tom HASTINGS, respectivement Productrice de «Cardinal» et Directeur Drama chez Bell MEDIA, nous ont partagé leur expérience. 

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Diffusée en France sur CANAL+, la série canadienne «Cardinal» est un succès surprise dans le monde. Comment avez-vous envisagé le projet ? 

Tom HASTINGS 

CTV, principal réseau de télévision du Canada souhaitait développer une série dramatique. Dans le cadre de cette démarche, nous avons travaillé sur un drame psychologique en six épisodes adapté du roman primé «Quarante mots pour la neige» de Giles Blunt, premier volet de la collection «Les Mystères de John Cardinal». Tous ces romans policiers se déroulent dans l’Ontario, province située au centre-est du Canada. Pour la production de la première saison, notre budget était de 2,6 millions de dollars canadiens par épisode (soit 1,6 million d’euros/épisode). C’est environ deux fois plus que pour une série canadienne à budget moyen. L’investissement a d’ailleurs augmenté au fil des saisons. La série est produite par Sienna Films et eOne en association avec CTV, une filiale de Bell Média. Un seul et même réalisateur Daniel Grou a suivi le projet. Notre souhait était d’imposer une seule vision d’ensemble.

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Quel a été l’accueil de la série «Cardinal» au Canada ? Dans combien de pays a-t-elle été vendue ?

Jennifer KAWAJA 

«Cardinal» a été la fiction canadienne la plus vue de l’année (près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne, ndlr). La série a même été applaudie par les critiques les plus réputées au Canada et nommée à plusieurs reprises aux Golden Globes. Face à ce succès, nous l’avons vendue dans 120 pays. Le Canada est en mesure de proposer de véritables séries nordiques inspirantes. On reprend notre place. Par le passé, les séries canadiennes n’ont pas suffisamment véhiculé notre sensibilité.

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Aviez-vous bien mesuré le potentiel international de la série ?

Tom HASTINGS 

Toujours ! Notre vision est de parler aux gens même si nous produisons une série locale. En revanche, on ne savait pas que l’impact allait être aussi international avec un accueil tout aussi fort. Lorsque l’on raconte une vraie histoire, les gens s’identifient. «Cardinal» est bien la preuve que nous pouvons être la fiction n°1 au Canada tout en la vendant internationalement. La chaîne nous avait demandé de créer une fiction qui n’était pas la copie d’une autre série policière. C’était un formidable défi. Nous avions beaucoup de liberté. L’interprétation, dominée par le tandem Billy Campbell («The Killing») et Karine Vanasse (vue dans «Revenge»), est remarquable.

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Pourquoi n’avez-vous pas envisagé la coproduction internationale ?

Jennifer KAWAJA 

Parce qu’il était difficile de le faire sur une série aussi spécifique. Aux États-Unis, les chaînes et les coproducteurs qui ont lu le scénario nous ont dit que c’était trop canadien, et que ça manquait d’action. C’est pourtant cette atmosphère calme et silencieuse qui a capté le public mondial. Si on continue la série sur plusieurs années, nous pourrions attirer les coproducteurs parce qu’ils verraient de quoi il s’agit. Mais lorsqu’on démarre avec une série, le pays d’origine doit intégralement financer le programme au démarrage. La 4ème saison de «Cardinal» est en cours d’écriture.