Jacques Expert, directeur des programmes et de l’antenne de Paris Première

    Jacques Expert, directeur des programmes de Paris Première revient sur les nouveautés et la startégie de la chaîne pour la siason 2007-2008

    média+: Quelles sont les nouveautés phares de cette rentrée ?

    Jacques Expert : Nous avons trois grandes nouveautés cette année qui sont des produits phares. L’émission «Paris croisière» était très attendue car c’est l’émission qui va succéder à celle d’Ardisson. C’est un produit phare en terme de communication et de contenu. C’est la première fois qu’une émission télé sera tournée sur un plateau qui vogue sur la Seine. L’infrastructure technique est assez hallucinante. C’est aussi un pari car avec Thierry Ardisson, nous savions où nous allions. Là, nous prenons des animateurs différents à chaque fois donc il y a un grand travail de préparation avec eux avant. Nous ne pouvons pas les lâcher comme ça. C’est un pari sur la qualité du programme mais je n’en ai aucun sur la forme. Après notre pari sera sur le fond. Ardisson avait la qualité de pouvoir parler à la même table avec Bernard Henri Lévy et Clara Morgane la star du X sur Canal. Cette osmose là doit aussi exister. Après, il est vrai que nous n’allons pas obliger André Manoukian à avoir Clara Morgane à sa table ! Cette émission doit surprendre, Thierry Ardisson surprenait et nous devons continuer à surprendre pour que ce ne soit pas simplement un «transfert de place». La deuxième nouveauté c’est «Pif Paf» présenté par Philippe Vandel. Il ne s’agit pas de la seule émission sur les médias (TPS star, + Clair sur Canal, Morandini sur Direct 8) mais pour nous, «Pif Paf» est un titre qui nous ressemble, on ne peut pas appeler cela un «journal des médias» parce qu’il y a quelque chose d’assez primesautier là dedans. Il en est de même de l’émission avec Alexandra Golovanoff sur les patrons qui s’appelle «La blonde et moi», c’est dans notre esprit. Nous avons aussi une nouvelle émission avec Mareva Galenter «Do you do you scopitone». Notre réalisateur est venu me voir un jour pour me dire que sa grand-mère avait tous les scopitones et je lui ai dit qu’il fallait faire une émission dessus. Celle de Mareva est bien faite, elle incarne à chaque fois un nouveau personnage. Il y a un vrai décalage. C’est très glamour dans un décor très simple avec un thème différent à chaque fois. Il y a aussi l’émission sur l’environnement «La terre est bleue comme une orange» présentée par Priscilla Telmon. Elle a commencé chez nous puis c’est Canal+ qui nous l’a piquée ! On nous pique tout le monde donc ça tombe bien ! D’ailleurs je trouve que les histoires d’exclusivité comme celles d’Ardisson sont idiotes. Ce dont je n’ai pas envie, c’est que les gens fassent la même chose chez nous puis ailleurs, cela ne me parait pas possible. Quand on investit sur un animateur, on n’a pas envie qu’on vienne nous le «piquer» pour qu’il fasse autre chose sur une autre chaîne parce que, à ce moment-là, toute la communication se retrouve ailleurs.

    média+ : Comment allez-vous pouvoir critiquer les émissions de M6 dans «Pif Paf» alors que vous appartenez totalement à M6 ?

    Jacques Expert : On peut critiquer tout le monde sauf M6, et d’ailleurs on doit dire du bien toutes les semaines de M6 ! Non je rigole bien sûr et en fait, cela a été la question de base quand nous avons essayé de faire une émission sur les médias. Il faut accepter la règle du jeu ou alors on n’en fait pas. Nous n’allons pas non plus s’acharner sur M6 ni sur TF1. De la même façon qu’on va dire du mal de M6 on dira du bien de TF1 ou de France 2 quand nos chroniqueurs jugeront qu’il faut en dire. Ce n’est pas simplement une émission de commentaires sur la télévision, c’est aussi une émission d’information sur la télévision avec de l’image, du web et du décryptage. C’est pour cela que c’est un peu hybride entre +Clair, TPS star, et Paul Amar sur France 5. Nous sommes à la confluence de tout cela. Nous avons fait le pilote la semaine dernière. Vandel, qui est plutôt connu comme chroniqueur, a fait l’objet aussi de nombreuses interrogations, mais il a été très bon. Il a vraiment été le maître du jeu.

    média+ : Quel a été votre budget pour toutes ces nouveautés ?

    Jacques Expert : Le budget programme pour Paris Première, c’est-à-peu près 15 millions d’euros. La moitié du budget va dans la production l’autre dans l’achat. Avec l’arrivée de la TNT, il y a eu de nouvelles chaînes et dans certains domaines les prix ont véritablement augmenté. Les films que l’on achetait 10 000 ou 12 000 euros il y a 3 ans, coûtent aujourd’hui 20 000 euros. Et comme nous avons 192 films par an à diffuser, cela fait un gros volume. On n’a pas le droit de dépenser un euro de plus et ce n’est même pas la peine d’essayer de négocier, on n’en aura pas. Donc on joue parfois sur le nombre de formats. Il y a beaucoup de chaînes du câble et du satellite qui annoncent des animateurs mais ils ne font que trois programmes dans l’année pour présenter des spectacles américains. Nous on fait de la vraie production. Vandel va faire 32 formats dans l’année, «Paris croisière» c’est 27 formats dans l’année, pour «Paris Dernière» c’est à peu près 30 formats. Ce n’est pas de l’effet d’annonce, c’est notre spécificité. Nous avons une vraie politique de magazine.

    média+ :Vous avez lancé Paris Première en VOD et sur le mobile. Quel bilan aujourd’hui ?

    Jacques Expert : Sur le mobile je ne sais pas mais je pense que ça ne marche pas. Cela reste à confirmer. A vrai dire, ça ne marche nulle part. Tout ça c’est un peu illusoire. Nous avons installé la VOD en gratuit et ça a marché. D’ailleurs nous avons été parmi les premiers à nous mettre en VOD et depuis que nous l’avons lancée, nous avons toujours été en gratuit. Cela va peut-être changer. C’est à partir du moment où nous basculerons en payant que nous verrons véritablement.