#JeGardeMaPlace: le spectacle vivant se mobilise face à un avenir incertain

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Votre spectacle est annulé pour cause de coronavirus? Théâtres, orchestres et maisons d’opéras dans le monde appellent à faire don des billets achetés, tandis que d’autres organisent des collectes de fonds face à un avenir incertain. #JeGardeMaPlace #SauveTonSpectacle #ReporteTaVenue circulent sur Twitter depuis qu’un hashtag similaire a été lancé en Hongrie #nevaltsvisszajegyet (ne renvoyez pas vos billets). A travers le monde, il trouve un écho, de la Grande-Bretagne où le rideau s’est baissé sur le célèbre West End qui regroupe la majorité des théâtres londoniens (#DonateYouTicket) jusqu’en Allemagne #ichwillkeingeldzurueck (je ne veux pas qu’on me rende mon argent). En France, «face à la crise financière majeure que vont connaître les lieux producteurs de spectacles et l’ensemble de la filière de la création artistique», le Syndicat national du théâtre privé a relayé cette initiative mardi, invitant les spectateurs à faire preuve de «solidarité». Depuis quelques jours, les appels se multiplient, de l’Opéra du Rhin, situé dans l’Est de la France très touché par l’épidémie, au Théâtre Montparnasse à Paris, face à la déprogrammation brutale. Dans le sud du pays, un «élan de solidarité» de nombreuses personnes ayant renoncé au remboursement a poussé Dominique Bluzet, directeur à la fois du Gymnase-Bernardines à Marseille, du Théâtre du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence à créer «un fonds de dotation» destiné aux «artistes les plus impactés». Les plus fragiles, ce sont les intermittents, puisque pour obtenir leur régime d’allocations chômage en France, ils doivent travailler 507 heures en un an. Or avec l’annulation de spectacles et concerts jusqu’au moins à la fin avril, ils peineront à faire les cachets nécessaires. Le ministre français de la Culture Franck Riester a annoncé mercredi une 1ère «aide d’urgence» de 22 millions d’euros pour la musique, le spectacle, l’édition et les arts plastiques. Il devrait annoncer plus tard des mesures spécifique pour les intermittents. Sur les réseaux sociaux, près de 50.000 internautes ont signé une pétition sur change.org intitulée «La culture française est infectée par le coronavirus», appelant à reculer la date butoir des indemnisations pour donner du temps aux intermittents de reprendre leur activité. Certains, comme le metteur en scène David Bobée, directeur du centre dramatique de Normandie-Rouen a décidé de payer les équipes de même que les salaires des intermittents, «pour qu’ils ne soient pas pénalisés» par les annulations. «Les intermittents qui sont déjà une population précaire vont être encore plus fragilisés si les employeurs ne payent pas les contrats des concerts et des spectacles annulés», a indiqué Emilie Delorme, la nouvelle directrice du Conservatoire de Paris. «Nous avons besoin de tout notre écosystème pour que la culture puisse vivre et la priorité doit donc se focaliser sur les plus vulnérables». Le SFA (syndicat professionnel des artistes dramatiques, chorégraphiques, lyriques, de variété, de cirque, des marionnettistes et des artistes traditionnels), a évoqué la perte de «milliers d’heures» de travail. «Les conséquences ne sont pas encore mesurables», affirme Laurent Richard, comédien et membre du syndicat. «Dans beaucoup de théâtres parisiens privés, les projets ne sont pas décalés à mai, mais carrément annulés ou reportés à l’année prochaine. En admettant que le confinement durera jusqu’à fin avril, c’est 80% des projets qui tombent à l’eau». Par ailleurs, une menace plane sur les festivals d’été, comme par exemple celui d’Avignon en juillet, qui rassemble le plus grand nombre de compagnies professionnelles de théâtre dans le monde avec le festival d’Edimbourg.  Les festivals n’ont pas encore pris de décision dans un sens ou dans un autre. «Les répétitions des spectacles, c’est généralement du mars à mai», indique M. Richard. «Or, on ne peut pas être acteur et faire du télétravail!»