Justine Triet, lauréate de la Palme d’Or, crée la polémique

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Au lendemain du discours anti-gouvernemental de la lauréate de la Palme d’or du Festival de Cannes, la réalisatrice Justine Triet, les réactions pleuvent, de la dénonciation de son «ingratitude» du côté de la majorité présidentielle aux remerciements à gauche. En critiquant sur la scène du Palais des festivals la politique gouvernementale, la cinéaste de 44 ans a jeté un pavé dans la mare. Recevant la Palme d’or des mains de Jane Fonda pour son film «Anatomie d’une chute», elle a vivement dénoncé la manière dont le gouvernement français avait «nié de façon choquante» la protestation contre la réforme des retraites. «Ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines», a-t-elle ajouté, estimant que le pouvoir cherchait aussi à «casser l’exception culturelle sans laquelle (elle) ne serai(t) pas là aujourd’hui». Dans la foulée de cette déclaration, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s’est dite «estomaquée par son discours si injuste»: «Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. La passe d’armes s’est ensuite poursuivie par médias interposés. «Il y a quand même un glissement lent vers l’idée qu’on doit penser à cette rentabilité des films», a exposé Justine Triet au micro de France Inter. «Évidemment, dans ma position, j’ai une grande facilité à financer mes films, mais je vois bien autour de moi que pour les gens qui démarrent, les plus petites productions, c’est plus difficile», a-t-elle rapporté. 

«Anatomie de l’ingratitude»- «Je trouve que c’est ingrat et injuste», a répondu dimanche matin sur BFMTV la ministre de la Culture, rappelant avoir annoncé la semaine dernière sur la Croisette un plan d’aide à la création audiovisuelle et cinématographique de 350 millions d’euros à l’horizon 2030. «Dans le discours de Justine Triet, il y a clairement un fond idéologique d’extrême gauche», a-t-elle estimé. «J’aimerais bien qu’elle me donne les chiffres, les faits sur lesquels elle se base pour considérer que, aujourd’hui, la culture est «marchandisée» et l’exception culturelle cassée», a déclaré Rima Abdul Malak, insistant sur le soutien du gouvernement au secteur notamment durant la crise sanitaire. Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, s’est aussi fendu samedi soir d’un tweet faisant référence au titre du film primé: «Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… et d’un art que nous aimons tant». Sur la même ligne, David Lisnard, maire Les Républicains de Cannes, a taclé sur Twitter un «discours d’enfant gâtée et si conformiste, en recevant la prestigieuse Palme d’or pour son film subventionné».