Krach du marché des cryptomonnaies: «le secteur ne va pas disparaître», assure le patron de Binance

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Malgré l’effondrement du marché des cryptomonnaies, «le secteur ne va pas disparaître», a assuré le patron de Binance, la principale plateforme d’échange de cryptoactifs au monde, lors d’un entretien la semaine dernière. La crise actuelle «crée des inquiétudes, mais nous nous y attendions, ce n’est pas inhabituel», a assuré le crypto-milliardaire Changpeng Zhao, l’une des voix les plus écoutées de ce milieu, à la tête d’un groupe qui revendique 120 millions de clients. «Les marchés financiers montent et descendent. Si vous entrez en Bourse, vous ne pouvez pas vous attendre à ce que cela monte indéfiniment», a expliqué l’entrepreneur de 44 ans. Après une période faste pendant la pandémie, les cryptomonnaies, réputées pour leur volatilité, ont nettement reculé ces dernières semaines, pâtissant du moindre appétit des investisseurs pour le risque. Le marché est passé brièvement mardi sous le cap des 1.000 milliards de dollars tandis que le bitcoin, la reine des «monnaies» virtuelles, a dégringolé d’environ 70% par rapport à son record atteint en novembre dernier. Malgré ces vents contraires, Binance, qui compte près de 6.000 employés, vient d’ouvrir 2.000 postes que l’entreprise compte pourvoir d’ici à la fin de l’année. «Nous avons été très économes» quand le marché était à la hausse, a expliqué celui qui est connu par ses seules initiales, CZ. «Nous n’avons pas engagé de grosses dépenses publicitaires, nous n’avons pas donné notre nom à des stades et nous n’avons pas été partenaires du Super Bowl», poursuit-il, en référence aux choix de certains de ses rivaux. Malgré leur popularisation ces dernières années, l’usage des cryptomonnaies continue d’être associé par certains responsables politiques à des pratiques frauduleuses comme le blanchiment d’argent, un discours que CZ qualifie de «mythe total». Le dirigeant, qui a grandi en Chine avant de partir au Canada et de prendre la nationalité, insiste sur le fait que la technologie de la chaîne de blocs («blockchain»), qui sécurise les transactions en cryptomonnaies, garantit transparence et traçabilité. «Avec un grand nombre de données, il est possible de savoir qui possède telle ou telle adresse avec un niveau élevé de fiabilité», insiste-t-il. Pour cette raison, «la plupart des criminels n’ont pas recours à la blockchain» pour perpétrer leurs méfaits car il s’agit pour eux d’un «très mauvais outil», poursuit-il. Selon une étude de Chainanalysis, seules 0,15% des transactions en cryptomonnaies en 2021 étaient liées à des adresses illicites, un chiffre nettement inférieur aux transferts bancaires traditionnels.La régulation des cryptoactifs est toutefois un sujet central, aux États-Unis comme en Europe, où les autorités resserrent la vis pour mieux encadrer un marché encore récent. «Selon moi, cela va être un processus en plusieurs phases qui va prendre des décennies», a commenté CZ, qui a rappelé que Binance employait d’anciens responsables d’agences de régulation. La plateforme se montre particulièrement ambitieuse en France. Elle a obtenu début mai de l’Autorité des marchés financiers (AMF) son enregistrement pour pouvoir exercer, «une étape cruciale» selon CZ. «La France veut attirer cette industrie. Elle envoie une message très fort à l’international», a insisté l’entrepreneur. L’autorisation «en tant que prestataire de services sur actifs numériques» est la 1ère en Europe pour le groupe, là où les autorités du Royaume-Uni ont estimé l’an dernier que les activités de Binance ne pouvaient pas être supervisées correctement et posaient un risque aux consommateurs. En France, où elle emploie une centaine d’employés, la plateforme s’est récemment installée dans le campus de start-up Station F à Paris, et a récemment recruté l’ancienne directrice adjointe des affaires juridiques de l’AMF Stéphanie Cabossioras.