L. HERSZBERG (Séries Mania) : «Un festival comme le nôtre est véritablement prescripteur»

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Six mois seulement après sa précédente édition, le festival international Séries Mania fait son retour à Lille et en ligne, du 18 au 25 mars 2022. L’organisation de deux éditions si proches l’une de l’autre dans le temps n’a pas entamé la diversité́ des propositions reçues: 331 séries de 46 pays différents. «Engouement des publics, confiance des professionnels, rayonnement dans les médias», Laurence HERSZBERG, Directrice générale de Séries Mania lève le voile sur cette nouvelle édition.

MEDIA +

Rassembler autour de la série et de la création audiovisuelle, est-ce toujours la promesse de Séries Mania ?

LAURENCE HERSZBERG

Absolument ! Nous sommes d’abord un festival pour le public qui délivre le meilleur de la création à venir : 56 séries en sélection et 29 avant-premières mondiales. En parallèle, nous organisons des rencontres, masterclass et conférences sur des sujets rattachés à l’industrie de la série. Nous nous positionnons également comme un rendez-vous professionnel puisque l’on attend entre 2.000 et 2.500 accrédités. Ces derniers discuteront des séries de demain à travers 3 jours de Forum. Certains professionnels viennent aussi financer la production des séries qu’ils présentent. Séries Mania, c’est également «Les Dialogues de Lille», une journée entièrement consacrée à «la création, fer de lance de l’industrie audiovisuelle». Enfin, nous creusons le sillon de la formation pour contribuer à l’écosystème audiovisuel dans les Hauts-de-France.

MEDIA +

En d’autres termes, vous investissez dans la formation ?

LAURENCE HERSZBERG

A travers «Séries Mania Institute», notre but est de renforcer la formation dans les Hauts-de-France. Cet institut de formation a la particularité d’avoir 3 volets qui touchent différentes populations. D’abord, le programme «Eureka Series» en anglais pendant trois mois qui forme des scénaristes européens confirmés. Ils viennent à Lille en résidence suivre des cours de haut niveau avec des tuteurs, mais aussi bénéficier de masterclass et travailler sur des projets. Le deuxième volet est lié à un partenariat conclu avec Sciences Po Lille pour donner une formation solide aux futurs cadres de l’audiovisuel. Enfin, le troisième volet est un tremplin qui permettra à une vingtaine de jeunes éloignés de l’emploi, d’acquérir les savoir-faire propres aux métiers techniques et du scénario.

MEDIA +

Votre positionnement est devenu très éclectique. Pourquoi avoir diversifié autant vos activités ?

LAURENCE HERSZBERG

Parce que nous voulons faire de la région des Hauts-de-France, avec Lille et sa métropole, le point central du développement des séries. Nous devons donc nous étendre sur la partie «formation». Nous profitons de nos 8 jours d’événements pour toucher le grand public, les professionnels et les politiques. L’industrie des séries a besoin de plus en plus de talents et de nouvelles idées.

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Séries Mania accorde une place importante aux professionnels de l’audiovisuel. Renouvelez-vous le Creative Bazaar ?

LAURENCE HERSZBERG

Bien sûr ! Pour la deuxième année consécutive, le Creative Bazaar veut s’imposer comme le lieu de fourmillement des idées et des histoires nouvelles présentées par de jeunes talents. Du 18 au 21 mars, nous mettons en place une pépinière de résidences, workshops et formations à destination des scénaristes et producteurs du monde entier.

MEDIA +

L’offre de séries est foisonnante. Quelle en est votre perception ?

LAURENCE HERSZBERG

Les séries sont devenues un genre dominant dans l’audiovisuel. Nous n’avons pas encore atteint la «peak TV» dont tout le monde parle. En revanche, nous avons reçu 331 séries venant de 46 pays en à peine 4 mois d’ouverture à candidature. La demande est forte, les plateformes et les chaînes sont nombreuses. Dans «Les Dialogues de Lille», j’ai souhaité organiser une conférence sur le «soft power» des séries qui ont un véritable impact sur la société. Comment façonnent-elles le monde ? C’est la question à laquelle tentera de répondre Hagai Levi, un observateur de la société israélienne; James Poniewozik, rédacteur en chef des pages TV du «New York Times»; Sandra Laugier, philosophe; Anne Bjørnstad, qui a fait récemment «Countrymen», ou encore Bunmi Akintonw, scénariste anglaise très engagée sur les questions de diversité.

MEDIA +

Votre rôle de défrichage de séries est donc capital aujourd’hui …

LAURENCE HERSZBERG

Un festival comme le nôtre est prescripteur. Nous avons un rôle éditorial. Indépendamment de ses qualités artistiques, l’un des défis auquel doit faire face une série est de se faire remarquer au sein d’une offre devenue pléthorique. C’est l’un des aspects des rencontres professionnelles dans notre forum. Comment attirer l’attention du spectateur ? Comment faire la différence dans un monde où l’offre est toujours plus riche ? La télévision ne se consomme plus uniquement de manière linéaire. Les plateformes ont changé la façon de nous faire découvrir les séries avec les algorithmes. Le public est ainsi un peu perdu, il a besoin d’être guidé. A notre très modeste échelle, nous constatons le succès de notre newsletter qui recommande les séries du mois. Faire en sorte qu’une série touche le grand public, c’est le but d’un festival. C’est aussi pour cela que les prix délivrés à Séries Mania sont particulièrement remarqués. De plus en plus de producteurs, diffuseurs et distributeurs les mettent en avant. Les diffuseurs ne s’y trompent pas. Cette année, 5 séries à succès sont présentées en avant-première : «La Chronique des Bridgerton», saison 2; «Atlanta», saison 3. Sans oublier «HPI», saison 2; «En thérapie», saison 2 et «L’Opéra», saison 2. Pour de gros succès, vous avez besoin de rampes de lancement. De ce fait, un bon festival est une bonne rampe de lancement.

MEDIA +

De quelle équipe disposez-vous à Séries Mania ?

LAURENCE HERSZBERG

Nous sommes une dizaine de permanents. L’équipe s’étoffe à une centaine de personnes au moment du festival. A cela s’ajoutent près de 250 bénévoles.