La Cour des comptes épingle l’«échec» du programme «Scribe», projet de logiciel de police à l’arrêt depuis 2021

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La Cour des comptes a cinglé vendredi l’«échec» du programme «Scribe», le nom donné à un projet de logiciel de rédaction des procédures dans la police, à l’arrêt depuis 2021 et qui a déjà englouti en six ans plus de 13 millions d’euros.

Lancé en 2015, «Scribe» devait permettre de développer un outil commun à la police et à la gendarmerie afin de remplacer les logiciels actuels, critiqués – surtout par les policiers – pour leur manque d’ergonomie.

«Après six années et 13,28 M d’euros consacrés au programme, le projet a été gelé et aucun livrable n’a été produit», résume la Cour des comptes dans la synthèse de son audit.

«Le programme Scribe (…) est un échec» et «constitue l’exemple emblématique d’une conduite de projet défaillante», écrivent les magistrats.

La gendarmerie s’est ainsi désengagée du projet dès novembre 2016, préférant poursuivre le développement de son propre logiciel, sans que «cette décision de retrait n’ait été formalisée par un document écrit», note l’audit.

Le projet a ensuite pâti d’un «pilotage éclaté». Les commissaires de police nommés à sa tête n’avaient, «pour deux d’entre eux, pas d’expérience dans la conduite de projets informatiques». La maîtrise d’oeuvre a été «très largement confiée à un prestataire externe «très peu encadré» et qui «a perçu entre 2016 et 2021 plus de 8 millions d’euros d’honoraires pour un outil non viable techniquement», blâme la Cour.

Le coût supplémentaire, pour doter la police d’un nouvel outil de rédaction d’ici à 2024, est estimé par l’Etat à 30 millions d’euros, rapportent les magistrats qui prennent ce chiffre «avec beaucoup de précaution» puisqu’il n’intègre pas «la part réutilisable des prestations réalisées» depuis 2015 pour «Scribe».

En conclusion de son audit, la Cour recommande notamment de bâtir le futur logiciel de la police en utilisant «tout ou partie du socle technique» de celui utilisé par la gendarmerie.

Pour les magistrats, «la reprise des travaux communs» entre les deux forces de sécurité, dont les relations sont parfois minées par une guerre de services, «doit constituer l’un des objectifs de premier rang» pour relancer le projet.