La Mostra de Venise s’efforce de se féminiser

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Elles ne se taillent pas la part du lion, mais les réalisatrices seront plus nombreuses sur le Lido. Trois ans après «#MeToo», la Mostra de Venise s’efforce de se féminiser, signe que le mouvement contre le harcèlement et pour la parité continue de transformer le monde du cinéma. Plutôt en retard sur Cannes et Berlin à ce sujet, le plus ancien festival du monde, dont le jury sera présidé pour cette 77ème édition par Cate Blanchett, semble décidé à tourner la page: en 2018, la Mostra avait été critiquée pour n’accueillir qu’une seule réalisatrice en compétition, et l’an dernier la sélection de Roman Polanski pour «J’accuse», malgré les accusations de viol à son encontre, avait suscité la controverse. Le réalisateur avait fait le parallèle entre l’histoire de son film et sa propre vie, s’estimant lui aussi «persécuté». Le long-métrage avait finalement reçu le Grand Prix du jury, le deuxième plus prestigieux après le Lion d’Or. Cette année, sur les 18 films en compétition sur la lagune, huit ont été tournés par des femmes, une augmentation vertigineuse par rapport à l’an dernier: elles n’étaient alors que deux. Parmi les réalisatrices qui pourraient reprendre le flambeau de Sofia Coppola, dernière femme à avoir décroché le Lion d’Or il y a 10 ans, la Française Nicole Garcia et la sino-américaine Chloé Zhao. Mais aussi une Italienne, Susanna Nicchiarelli, qui promet de se pencher sur les convictions féministes de la fille cadette de Karl Marx, Eleanor, dans «Miss Marx», ou la Norvégienne Mona Fastwold, qui veut explorer dans «The World to come» l’amour entre deux femmes, mariées chacune de leur côté, dans l’Amérique rurale du XIXe siècle. Attendu sur un sujet toujours brûlant dans le monde du cinéma, le directeur artistique de la Mostra Alberto Barbera a pris soin de préciser que tous les films étaient «choisis pour leur qualités, et non par des procédures liées au genre». En clair, pas question de passer par des quotas. En dehors de la compétition pour le Lion d’Or, l’effort est moins frappant (28,1% de films réalisés par des femmes parmi l’ensemble de ceux qui seront projetés), mais M. Barbera a souligné que moins d’un quart (22,4%) des films reçus par les sélectionneurs étaient l’oeuvre d’une réalisatrice.