Le Festival de Cannes dénonce «une grave atteinte à la liberté d’expression» après la condamnation en Iran du cinéaste Saeed Roustaee

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Le Festival de Cannes a dénoncé ce mercredi 16 août «une grave atteinte à la liberté d’expression» après la condamnation en Iran du cinéaste Saeed Roustaee et de son producteur à six mois de prison pour la projection d’un de leurs films sur la Croisette.

«Leïla et ses frères» avait été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2022, puis interdit de diffusion en Iran.

La condamnation de Saeed Roustaee, 34 ans, et de son producteur Javad Norouzbeigui, qui s’accompagne d’une interdiction de travail de cinq ans, «constitue, une nouvelle fois, une grave atteinte à la liberté d’expression des artistes, cinéastes, producteurs et techniciens iraniens», a dénoncé le Festival dans une déclaration.

«Comme de nombreux professionnels à travers le monde, le Festival de Cannes exprime son soutien à toutes celles et tous ceux qui subissent violences et représailles dans la réalisation et la diffusion de leurs oeuvres. Le Festival est leur maison. Il est et sera toujours à leurs côtés pour défendre la liberté de création et d’expression», ajoute-t-il.

Le quotidien réformateur «Etemad» avait fait état mardi de la condamnation de Saeed Roustaee par un tribunal de Téhéran pour avoir «contribué à la propagande de l’opposition contre le système islamique» en Iran. «Leïla et ses frères», qui dresse le portrait d’une famille pauvre au bord de l’implosion dans un Iran plongé dans une profonde crise économique, avait été interdit dans le pays pour avoir, selon les autorités, «enfreint les règles en participant sans autorisation (…) à Cannes et ensuite à Munich».

Selon Etemad, le tribunal a jugé que les deux cinéastes ne purgeraient qu’un vingtième de la peine, soit environ neuf jours, tandis que le reste «sera suspendu pendant cinq ans», période pendant laquelle ils ne peuvent pas travailler.

Plusieurs voix se sont élevées dans le monde du cinéma pour dénoncer cette condamnation, dont celle de la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) ou celle du Festival du film de Biarritz, dont Saeed Roustaee vient de présider le jury de la première édition.

Avant celui qui s’est également fait connaître avec «La loi de Téhéran», sur le trafic de drogue, l’Iran a déjà ciblé et placé en détention des réalisateurs primés dans les plus grands festivals et accusés de propagande contre le régime, comme Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof.