L’enregistrement de Twitter au Nigeria, un «préalable» à la levée de son interdiction, selon le ministre de l’Information

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La condition préalable à la levée de l’interdiction de Twitter au Nigeria est son enregistrement comme entreprise opérant dans le pays, a déclaré mercredi le ministre de l’Information. 

«Twitter doit d’abord et surtout s’enregistrer comme une entreprise au Nigeria, il doit obtenir une licence auprès de la commission de diffusion et doit empêcher que sa plateforme ne soit utilisée par ceux qui promeuvent des actes hostiles à l’existence même du Nigeria», a déclaré le ministre Lai Raufu Mohammed. 

Abuja avait annoncé vendredi la suspension de Twitter pour «une durée indéterminée» dans le pays le plus peuplé d’Afrique. 

Il avait notamment accusé le réseau social d’avoir une «mission suspecte» contre le gouvernement nigérian, et de tolérer sur sa plateforme les messages du chef d’un groupe séparatiste incitant à la violence dans le sud-est du Nigeria. 

La suspension de Twitter était intervenue deux jours après la suppression par le réseaux social d’un message du président Muhammadu Buhari. Le chef de l’Etat avait menacé de «traiter avec un langage qu’ils comprennent» les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria – attribuées par les autorités à des séparatistes igbos-, et ravivant les terribles souvenirs de la guerre du Biafra qui a fait plus d’un million de morts dans les années 1960. «Partout dans le monde où Twitter devient une plateforme de choix pour l’insurrection (…) je pense que ce pays devrait l’interdire», a réitéré mercredi le ministre. 

«Quelqu’un d’honnête ne peut accuser le Nigeria d’étouffer la liberté d’expression» a répondu le ministre à ceux qui l’accusent de restreindre les droits des Nigérians. 

«Il y a cependant une ligne que vous ne devez pas franchir», a-t-il ajouté. «(…) Aucune forme de profit ou aucun droit n’est supérieur à l’existence du Nigeria en tant que société». 

La suspension de Twitter, puis l’ordre du gouvernement aux médias audiovisuels de supprimer leur compte dans un geste «patriotique», a profondément consterné au Nigeria, pays jeune, très connecté, où ce réseau social est un important outil de contestation sociale. 

Lundi, l’Union européenne (UE), la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada avaient déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint. 

Le gouvernement nigérian a cependant reçu mardi les «félicitations» de l’ancien président américain Donald Trump, lui-même interdit de Twitter et de Facebook. 

«Davantage de PAYS devraient interdire Twitter et Facebook pour ne pas permettre un discours libre et ouvert», a-t-il déclaré dans un communiqué sur son site internet.