«Les acteurs français de la VOD sont soumis à une réglementation assez contraignante»

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BRUNO DELECOUR, Directeur Général de FilmoTV

à peu près 300 M€ en France en 2015. Lancée en 2008, la plateforme de VOD/SVOD 100% cinéma FilmoTV est avec CanalPlay et Netflix, l’un des principaux acteurs du marché. Détails et situation du secteur avec BRUNO DELECOUR, Directeur Général de FilmoTV.

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FilmoTV réussit-il à tirer son épingle du jeu ? Quels sont vos plans pour 2016?

BRUNO DELECOUR

En démarrant notre activité en 2008, nous étions précurseurs sur la SVOD. Au fil du temps, d’autres acteurs sont arrivés. Mais FilmoTV, qui a un peu plus de 200.000 clients réguliers, a conservé son positionnement 100% cinéma. Chaque mois, un tiers de notre catalogue est renouvelé. Alors que d’autres services par abonnement sont positionnés sur les séries ou les programmes pour enfants, nous sommes restés sur le cinéma pour les amateurs du genre : films grand public, cinéma d’auteurs, œuvres récentes et classiques. Afin de faciliter le choix de l’utilisateur, notre approche est de communiquer autour des films à travers des vidéos accessibles sur notre plateforme. Une cinquantaine de chroniqueurs et journalistes cinéma présentent les œuvres que l’on propose. Présents également sur YouTube et Dailymotion avec des chaînes spécialisées dans le cinéma, des centaines de contenus originaux sont disponibles pour promouvoir FilmoTV et créer ainsi du trafic.

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La chronologie des médias est-elle propice aux services de VOD/SVOD ?

BRUNO DELECOUR

Non, puisque nous devons attendre 3 ans entre la sortie d’un film et son arrivée sur un service de VOD. Pendant ce temps, certaines œuvres ne sont même pas exploitées par les chaînes de télévision. Des films sont donc «gelés» durant cette période à cause de la chronologie des médias. La législation française doit s’adapter afin que les films aient une meilleure exposition auprès du public.

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Quel est le profil de vos abonnés ? 

BRUNO DELECOUR

En termes de centres d’intérêt, ce sont des individus qui aiment le cinéma. Nous avons une cible assez large, plutôt des foyers avec enfants.

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Existe-t-il une bataille des droits entre acteurs de la VOD ?

BRUNO DELECOUR

Sur la SVOD et la VOD locative, les droits des films de plus de 36 mois ne sont pas exclusifs. Après, c’est un travail de sélection, d’organisation et d’éditorialisation. Concernant les séries récentes, vous avez en revanche des politiques d’exclusivités. Les négociations dans l’acquisition de titres peuvent être très différentes d’un film à l’autre et d’un distributeur à l’autre.

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Quel impact l’arrivée de Netflix en France a-t-elle eu sur votre business ? 

BRUNO DELECOUR

L’arrivée de Netflix a eu un effet positif sur l’ensemble du marché. Ce fut un facteur de dynamisation dans la mesure où le service américain a créé un buzz extraordinaire dans la presse. En revanche, les acteurs français de la VOD sont soumis à une réglementation assez contraignante avec des problématiques de taxes, de quotas et de financement de la production française. Dans la mesure où tout le monde est soumis à la même chose, pourquoi pas. Mais les acteurs étrangers ne sont soumis à aucune réglementation.

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Que pensez-vous de l’émergence du E-Cinéma ?

BRUNO DELECOUR

C’est une initiative très intéressante. Il y a un encombrement des salles de cinéma par rapport au grand nombre de films qui sort. L’E-cinéma devient une alternative, avec un mode de distribution des films qui peut s’affranchir de la salle et qui devrait prendre de l’ampleur. Cela amène des clients différents sur les services de VOD.