Les cas de censure sur l’internet russe ont quasiment décuplé en 201

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Les cas de censure sur l’internet russe ont quasiment décuplé en 2015 par rapport à 2014, a annoncé mardi une ONG russe qui estime que le Kremlin renforce sa main-mise sur l’un des derniers espaces de liberté d’expression en Russie. Intitulé «Le Triomphe de la censure», le rapport d’Agora, une association d’avocats, liste plus de 9.022 cas de censure ayant eu lieu en 2015 en Russie, contre 1.019 cas en 2014. Il s’agit notamment de sites web bloqués sur simple ordre d’un procureur ou des autorités russes, en accord avec une loi entrée en vigueur en février 2014. Le nombre de procédures judiciaires contre des personnes ayant posté des contenus en ligne a également augmenté, note le rapport, qui évoque des internautes condamnés à «des peines de prison ferme». Le conflit ukrainien, la corruption des membres du gouvernement, les droits des minorités religieuses ou sexuelles font partie des sujets les plus censurés par les autorités, souligne ce rapport. L’un des auteurs du rapport, Damir Gaïnoutdinov, estime que les réseaux sociaux américains Facebook et Twitter comptent parmi les prochaines cibles du Kremlin, ainsi que les internautes mettant en ligne des astuces pour passer à travers les mailles de la censure, en utilisant par exemple des logiciels de protection et contournement («VPN») ou des serveurs relais («proxy»). Pour M. Gaïnoutdinov, l’objectif du gouvernement russe n’est pas pour autant d’installer un système de filtrage de l’internet, trop coûteux, mais de compliquer l’accès aux sites d’information de l’opposition à la majorité des internautes. «L’objectif, c’est que la plupart des gens abandonne (Internet) et se remette à regarder la télévision», estime l’auteur du rapport.Echaudé par les manifestations organisées via Internet qui ont rythmé la campagne présidentielle avant sa réélection le 6 mai 2012, le président Vladimir Poutine a fait du contrôle d’Internet l’une de ses priorités après le soulèvement populaire du Maïdan, à Kiev, qui a mené début 2014 à la destitution de l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch.