Microsoft Gaming: 3 choses à savoir sur l’ogre américain des jeux vidéo

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Microsoft s’est lancé il y a plus d’un an dans l’acquisition de l’éditeur américain Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars, qui ferait du géant informatique le 3ème acteur mondial des jeux vidéo. L’Autorité britannique de la concurrence (CMA), inquiète au sujet du manque de concurrence dans le secteur des jeux vidéo en ligne, s’y est opposée mercredi, mais les deux entreprises vont faire appel. Voici trois choses à savoir sur la nouvelle branche de jeux vidéo potentielle de Microsoft.

– Le troisième empire : Si elle a bien lieu, cette acquisition sera la plus importante jamais réalisée dans le secteur et fera de Microsoft Gaming le 3ème  acteur des jeux vidéo en termes de c.a., derrière Tencent et Sony, le groupe de Redmond (État du Washington) enjambant au passage Apple. Tencent règne aussi bien en Asie – le marché le plus important de cette industrie – que dans le reste du monde, grâce à ses investissements. Le géant chinois possède notamment Riot Games, l’éditeur du succès planétaire «League of Legends» et a des parts dans le studio français Ubisoft («Assassin’s Creed», «Just Dance»…) et Activision. Le Japonais Sony a vu la part de ses consoles et jeux grandir dans ses revenus. Les ventes de la dernière génération de PlayStation ont dépassé celles de Xbox de Microsoft. Microsoft, de son côté, s’est étendu au-delà des consoles, notamment avec le rachat du studio suédois Mojang, créateur de «Minecraft» en 2014 et de ZeniMax Media en 2020, derrière des franchises comme «Elder Scrolls» ou «Fallout».

– La guerre des bonbons : Pour continuer son expansion, le groupe a besoin de contenus, le nerf de la guerre pour capter et retenir les joueurs. Selon la société d’analyse de données Statista, les seuls revenus tirés des jeux sur applis mobiles ont atteint 267 milliards de dollars en 2022. Or, Activision Blizzard, c’est avant tout des jeux phénomènes. D’après Active Player, l’année dernière, «Call of Duty: Warzone» compte plus de 50 millions de joueurs mensuels. Ils sont plus de 200 millions à faire exploser, chaque mois, des lignes de bonbons au quotidien sur «Candy Crush», selon son éditeur, King, racheté par Activision en 2016. Le rachat de Blizzard, en 2008, lui a également apporté des jeux phares comme «World of Warcraft», «Diablo», et «Overwatch». Le succès pour ce dernier a été tel qu’il a donné lieu à la création d’un championnat dédié, la Overwatch League, l’un des exemples les plus marquants du développement de l’esport. Avec ces nouveaux titres, Microsoft cherche à étoffer l’offre de la Xbox Game Pass, sa plateforme qui vient de dépasser les 25 millions d’abonnés. Elle offre à la fois la possibilité de télécharger des jeux sur un support physique et d’y jouer à distance, via le cloud. Activision Blizzard est aussi une cible intéressante en ce qu’il a mis, depuis plusieurs années, l’accent sur les jeux sur mobiles, le grand vecteur de croissance de l’industrie, qui pèsent désormais quasiment la moitié de son c.a.

– Les casseroles d’Activision : Durant les mois qui ont précédé l’annonce de l’acquisition, en janvier 2022, l’éditeur de Santa Monica a été l’objet d’accusations répétées quant à sa gestion du personnel. Une agence de l’État de Californie a lancé une action en justice pour harcèlement sexuel, discriminations ethniques et machisme à l’encontre des femmes employées du groupe. Depuis, Activision Blizzard a passé un accord avec une autre agence (EEOC), fédérale celle-là, prévoyant la création d’un fonds de compensation des victimes de harcèlement, doté de 18 millions de dollars. Plusieurs cadres ont également été poussés au départ. Le PDG Bobby Kotick a présenté ses excuses aux collaborateurs du groupe et annoncé, fin octobre, la mise en place d’une politique de «tolérance zéro» contre le harcèlement. La société reste visée par plusieurs actions en justice pour harcèlement et discrimination.