Monnaie virtuelle: certains partenaires clefs de Facebook dans Libra doutent

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Certains partenaires clefs de Facebook dans Libra ont refusé de soutenir publiquement le projet de monnaie virtuelle, d’après un article publié mardi par le quotidien américain «Wall Street Journal». Visa et Mastercard, notamment, deux futurs membres du consortium de gestion de Libra, seraient en train de «reconsidérer leur implication» dans le projet qui subit l’opposition croissante de nombre d’acteurs et régulateurs.

Le lancement de Libra est prévu pour le milieu de l’année 2020. Facebook a confié la gouvernance et la gestion du projet à une entité indépendante, basée à Genève (Suisse) et composée de 28 acteurs du secteur, pour commencer. Chacune de ces organisations doit investir au moins 10 millions de dollars dans le projet.

Libra est censée offrir à partir de courant 2020 un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels: elle se veut la pierre angulaire d’un nouvel écosystème, un outil susceptible d’intéresser notamment les exclus du système bancaire, dans les pays émergents par exemple.

Les partenaires ont entrepris de rédiger une charte qui définira les principes régissant Libra, et qu’ils devront ratifier, d’après une source proche du projet. Aucun ne s’est retiré à ce stade.Mais le projet suscite une levée de boucliers de la part de certains Etats et autorités de régulation. En juillet, le président de la Banque centrale américaine Jerome Powell a estimé que la cryptomonnaie de Facebook soulevait de nombreuses «grandes inquiétudes» en terme de «respect des informations personnelles, de la protection des consommateurs et de la stabilité financière». La taille de Facebook, premier réseau social du monde avec 2,7 milliards d’utilisateurs si l’on comprend toutes ses applications (WhatsApp, Messenger), implique aussi que la nouvelle monnaie pourrait perturber le système financier mondial et rendre la tâche plus difficile aux banques centrales.

Le Trésor américain a envoyé des requêtes aux partenaires pour leur demander une revue complète de leurs programmes de lutte contre le blanchiment d’argent, d’après une source proche des organisations concernées. Interrogée mi-septembre, Gabrielle Rabinovitch, directrice des Relations investisseurs de PayPal, avait rappelé que l’engagement de son entreprise dans Libra était «non contraignant (pour PayPal)».

«Evidemment, je pense qu’il y a encore beaucoup de travail avant que nous arrivions au stade où ça devient plus qu’une idée enthousiasmante», avait-elle ajouté. D’après le «Wall Street Journal», les membres de la Libra Association doivent se réunir jeudi à Washington, ainsi qu’à Genève le 14 octobre pour désigner un conseil d’administration.Facebook, Visa, Mastercard et PayPal n’ont pas souhaité commenter ces informations.