«Moonlight» sacré meilleur film aux Oscars, après une gaffe historique

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«Moonlight» a été sacré meilleur film dimanche aux Oscars après une gaffe historique, qui a d’abord donné par erreur la plus prestigieuse des récompenses du cinéma au grand favori «La La Land», quand même reparti avec six statuettes.Fiasco épique pour cette cérémonie d’ordinaire si rodée, l’actrice légendaire Faye Dunaway, au côté de Warren Beatty, a lu le mauvais nom de film sur la scène du Dolby Theatre dimanche. Toute l’équipe de la comédie musicale «La La Land» est montée sur le podium et les producteurs ont commencé leurs remerciements avant qu’on vienne les prévenir que le gagnant était en réalité «Moonlight». «Il y a une erreur, «Moonlight», c’est vous qui avez gagné le prix du meilleur film», a expliqué l’une des personnes sur la scène brandissant le carton et son enveloppe rouge. L’un des producteurs de «La La Land», avec classe, a dit qu’il était honoré de donner la statuette qu’il avait crue sienne à ses «amis de «Moonlight»». «C’est très malheureux ce qui vient de ce passer» a déclaré l’animateur Jimmy Kimmel, pendant que la confusion régnait sur la scène du Dolby Theatre, où les équipes des 2 films s’étreignaient pendant que l’une descendait et l’autre montait. Warren Beatty a ensuite expliqué sur scène que le carton qu’il avait lu portait la mention «Emma Stone, La La Land», ce que Jimmy Kimmel a ensuite confirmé. Le cabinet d’audit chargé de la remise des trophées aux Oscars a présenté lundi ses excuses pour cette erreur monumentale. «Les présentateurs se sont vus remettre la mauvaise enveloppe et quand l’erreur a été découverte, elle a été immédiatement corrigée», a affirmé PriceWaterhouseCoopers. «Moonlight», tourné pour seulement 1,5 million de dollars avec un casting noir, est aux antipodes du romantique et onirique «La La Land» et marque un tournant à 180 degrés après les vives polémiques sur le manque de diversité aux Oscars ces 2 dernières années. Le réalisateur de ce drame intimiste et poignant sur un jeune garçon noir homosexuel qui grandit dans un quartier difficile, Barry Jenkins, 37 ans, a aussi été primé pour le scénario, adaptation d’une pièce de Tarell McCraney. Mahershala Ali, qui interprète un trafiquant de drogue au grand coeur, a été sacré meilleur 2nd rôle masculin. Six Noirs étaient nommés cette année pour les prix d’acteurs, un record. C’est l’afro-américaine Viola Davis, en robe rouge et en larmes, qui a remporté celui du 2nd rôle féminin. Elle interprète dans «Fences» une épouse bafouée face à Denzel Washington. Déjà primée aux Emmys et aux Tonys – prix du théâtre – elle a été ovationnée debout. «La La Land», ode à Los Angeles, partait largement favorite avec le record de 14 nominations. Damien Chazelle, prodige de 32 ans, devient le plus jeune lauréat du prix du meilleur réalisateur. Emma Stone, qui déploie tout son charme dans cette romance mélancolique, a été couronnée meilleure actrice, battant notamment la française Isabelle Huppert, qui incarne une femme violée dans «Elle». «C’est une énorme confluence de chance et d’opportunités» d’avoir joué dans pareil film, «une occasion unique dans une vie» a dit la pétillante rousse de 28 ans aux yeux turquoise. Le drame «Manchester by the Sea» est un autre vainqueur: son auteur-réalisateur Kenneth Lonergan a été primé pour son scénario et Casey Affleck a coiffé au poteau Denzel Washington («Fences») dans la catégorie meilleur acteur. Il interprète un homme dépressif soudainement forcé de s’occuper de son neveu et s’affranchit définitivement de l’ombre de son célèbre aîné Ben Affleck, dont il dit avoir «beaucoup appris». «Le Client», une coproduction française réalisée par l’Iranien Asghar Farhadi, a reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, la 2ème fois qu’un film de ce cinéaste est primé. L’absence de Farhadi n’en était que plus retentissante: il boycottait la cérémonie pour protester contre le décret migratoire du président Trump visant 7 pays musulmans, dont le sien.