Musique en streaming : Apple parie sur une radio gratuite

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Désireux de devenir un acteur majeur de la musique en streaming, le géant informatique américain Apple parie sur une radio gratuite qui pourrait devenir la 1ère mondiale dans ce genre d’écoute à la demande. Le groupe, dont la bibliothèque musicale iTunes a déjà révolutionné la manière d’acheter la musique, va lancer mardi son service de musique en streaming Apple Music, pour un abonnement de 9,99 dollars par mois après une période d’essai. Au coeur de sa stratégie, figure une radio, Beats 1, accessible gratuitement dans plus de 100 pays et qui ne nécessitera pas d’être abonné à Apple Music. 

A défaut de gratuité, Apple Music a cherché à attirer des célébrités, en débauchant le DJ néo-zélandais Zane Lowe de BBC Radio 1. Outre Lowe, la radio d’Apple pourrait aussi compter parmi ses animateurs l’icône de la pop Elton John, le chanteur de «Happy» Pharrell Williams, le magnat du rap Dr. Dre et le rockeur indépendant St. Vincent, selon le «New York Times». Pharrell Williams présentera en outre une chanson au lancement d’Apple Music, qui a aussi bénéficié d’une publicité inattendue de la superstar Taylor Swift, quand elle a promis lui réserver son célèbre album «1989». Taylor Swift a fait cette annonce après avoir menacé de boycotter Apple Music s’il ne rémunérait pas les artistes y compris pendant la période d’essai du streaming, une demande à laquelle le groupe américain a aussitôt accédé. Mais même si Apple est un groupe important dans le secteur de la musique, cette dernière ne représente qu’une toute petite partie de ses activités. iTunes et les autres services musicaux représentaient moins de 9% des ventes d’Apple au 1T achevé le 28 mars. Pour beaucoup de spécialistes, son entrée concertée – et sans doute coûteuse – dans la musique en streaming et la radio est moins destinée à dominer le secteur qu’à promouvoir son instrument phare, l’iPhone. Beats 1 «renforce la pertinence culturelle d’Apple en tant de marque à la mode. (…)», estime Mark Ramsey, auteur de 2 livres sur les radios. Selon lui, Beats 1 sera le visage d’Apple Music, ce dont manque le leader du streaming Spotify, dont le seul visage est celui de son jeune patron Daniel Ek, un investisseur plus qu’une rock star.  En outre, Apple Music pourrait au final bénéficier à Spotify et à ses autres rivaux, notamment ceux qui ont une offre gratuite, selon M. Ramsey. Beats 1 marque aussi le retour de l’élément humain, même si la radio en streaming est parfois basée sur des algorithmes. La nouvelle radio de Google Play s’inspire ainsi de Songza, un service acheté l’an dernier par le moteur de recherche par lequel de vraies personnes aident les auditeurs à choisir leurs playlists. Mais Google Play ne sera accessible qu’aux Etats-Unis. Pandora, la radio leader sur internet, qui se base sur des algorithmes, est disponible seulement dans 2 pays hormis les Etats-Unis – l’Australie et la Nouvelle-Zélande – en raison des nombreuses régulations sur les radios. Beats 1 veut devenir la 1ère radio mondiale mais elle ne diffusera qu’à partir de 3 villes, Los Angeles, New York et Londres, les capitales de la pop, et beaucoup de régions dans le monde ne seront pas couvertes. 

Pour autant, les auditeurs n’ont pas délaissé les traditionnelles radios des bandes AM/FM, qui représentent encore 86% de leur écoute, selon des chiffres de 2012 de l’institut Nielsen. Pour Cortney Harding, consultante de start-ups de musique et ex-rédacteur en chef du magazine «Billboard», qui publie les célèbres hit-parades, il ne faut pas sous-estimer leur rôle car elles mêlent musique, météo, et informations locales. «Les gens les écoutent toujours. Donc (Beats 1) va bien marcher et va être intéressante. Mais ça ne va pas être si énorme», estime-t-elle.