Nokia annonce la suppression de 597 emplois supplémentaires en France d’ici 2019

527

Le géant finlandais des équipements télécoms Nokia a annoncé mercredi la suppression de 597 emplois supplémentaires en France d’ici 2019, un projet jugé «inacceptable» par les syndicats qui ont déploré «plus de 1.000 disparitions d’emplois» réalisées ou annoncées dans l’hexagone depuis le rachat d’Alcatel-Lucent en 2016.

Ces suppressions d’emplois sont prévues en deux ans, en 2018 et 2019, dans les filiales Alcatel Lucent International et Nokia Solutions and Networks (NSN), sur un effectif total de 4.200 personnes dans ces deux sociétés, a déclaré une porte-parole de la direction. Elles affecteront les fonctions centrales et support de ces filiales basées au campus de Paris-Saclay (Essonne) et à Lannion (Côtes-d’Armor), tandis que les fonctions recherche-développement ne seront «pas concernées», a-t-elle précisé.La répartition des coupes entre Paris-Saclay et Lannion «n’est pas encore décidée à ce stade» et le plan sera présenté le 18 septembre aux instances représentatives du personnel de ces deux filiales, a-t-elle ajouté. Les deux autres filiales du groupe en France, Alcatel-Lucent Submarine Networks (câbles sous-marins) et RFS (radiofréquences) ne sont pas concernées par ce «projet d’évolution», justifié par le plan de la maison mère de dégager 1,2 milliard d’euros d’économies d’ici 2018, selon la porte-parole. Les effectifs actuels des quatre filiales du groupe dans le pays s’élèvent à 5.260 salariés. Selon l’intersyndicale, les 597 emplois voués à disparaître représentent «30% des emplois hors recherche et développement». «Ces emplois vont être délocalisés dans des pays à bas coûts, l’Europe de l’Est essentiellement», selon la CGT. Le groupe en difficulté chronique a choisi de repositionner la France en pôle d’excellence en matière de recherche-développement sur trois technologies clé: la 5G, la cybersécurité et l’internet des objets, a rappelé la porte-parole de la direction. A la suite de son rachat d’Alcatel-Lucent l’an dernier, Nokia avait déjà supprimé quelque 400 postes en France. Selon l’intersyndicale, le PDG du groupe, Rajeev Suri, s’était engagé auprès d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, à renforcer le secteur de la recherche et développement pour le porter à 2.500 ingénieurs et chercheurs à fin 2019. Ces engagements sont «loin d’être tenus» puisque «seulement 20% des 500 recrutements nécessaires ont été réalisés à ce jour». La CGT a affirmé que Nokia venait de distribuer «4,4 milliards d’euros aux actionnaires en dividendes et rachat de ses propres actions» et avait «perçu beaucoup d’argent public en France, 67 millions en crédit-impôt-recherche (CIR) et CICE l’an passé».

Touché de plein fouet par la contraction du marché mondial des équipements de réseaux téléphoniques et données mobiles, Nokia a accusé une perte nette de 766 millions d’euros en 2016, creusée par le coût de l’acquisition d’Alcatel-Lucent. Il a néanmoins proposé une légère hausse du dividende, à 0,17 euro par action contre 0,16 euro au titre de l’année précédente. Son exercice 2017 s’annonce tout aussi compliqué, avec une perte nette cumulée dépassant 900 millions d’euros au cours du 1S. Il a toutefois réduit sa perte nette de 36% au 2T, grâce à la baisse de ses coûts qui a compensé une stagnation de son c.a. Le groupe emploie environ 100.000 personnes dans le monde et a réalisé en 2016 un c.a. de 23,9 milliards d’euros, en repli de 10% en un an à périmètre comparable.