Nominations aux Oscars: «Mank» en tête, la part belle aux femmes

437

Le film «Mank», ode en noir et blanc à l’âge d’or d’Hollywood, est arrivé lundi nettement en tête des nominations pour les Oscars qui font cette année la part belle aux femmes.Film de David Fincher produit par Netflix, «Mank» a obtenu dix nominations au total, dans les catégories du meilleur film, meilleur acteur (Gary Oldman), meilleur réalisateur, meilleure actrice dans un second rôle (Amanda Seyfried) ainsi que dans de nombreuses catégories techniques primées par l’Académie américaine des arts et sciences du cinéma, qui décerne les prestigieux prix. Viennent ensuite six films avec six nominations, dont «Nomadland» de Chloé Zhao avec Frances McDormand, considéré comme le favori par de nombreux experts après sa victoire aux Golden Globes, et «Les Sept de Chicago», drame judiciaire d’Aaron Sorkin autour de la répression des manifestations contre la guerre du Vietnam, avec Sacha Baron Cohen. Souvent critiquée pour son manque de représentativité, l’Académie des Oscars a sélectionné cette année 2 femmes sur 5 dans la catégorie du «meilleur réalisateur», Chloé Zhao et Emerald Fennell pour «Promising Young Woman». Il s’agit d’une 1ère. Coqueluche d’Hollywood cette année, Chloé Zhao est aussi la 1ère femme à concourir aux Oscars dans 4 catégories différentes (meilleur film, réalisation, montage et scénario), relève l’Académie. Autre record historique: 76 nominations au total sont allées à des femmes. Les cinémas sont restés totalement fermés depuis la mi-mars à Los Angeles en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie, ce qui a contraint les Oscars à repousser au 25 avril la cérémonie de remise des prix, du jamais vu. Les Golden Globes ont été fustigés pour l’absence de films mettant en scène des acteurs noirs mais les Oscars ont évité cet écueil et sélectionné à six reprises «Judas and the Black Messiah», qui met en lumière le combat pour les droits civiques dans les années 1960 et l’action des Blacks Panthers. Daniel Kaluuya et Lakeith Stanfield sont tous deux en lice pour l’Oscar du meilleur 2nd rôle masculin pour ce film, face notamment à Leslie Odom Jr («One Night in Miami») et Sacha Baron Cohen. Autres candidats sérieux de cette 93e édition, «Minari» et sa famille d’Américains d’origine sud-coréenne s’installant à la campagne, «The Father» avec le légendaire Anthony Hopkins, réalisé par l’auteur français Florian Zeller. Côté film étranger, le candidat français «Deux» n’a pas été retenu et c’est le film danois «Drunk», avec Mads Mikkelsen, qui semble favori. A noter la nomination posthume, très attendue, du défunt Chadwick Boseman, décédé l’an dernier d’un cancer à l’âge de 43 ans, pour son rôle dans «Le Blues de Ma Rainey», autre production Netflix. Avec ses nombreux films, dont l’audience a été dopée par les confinements liés à la pandémie, la plateforme de vidéo à la demande Netflix semble bien partie pour cette 93e édition des Oscars. Jusqu’à présent, aucun film produit par une plateforme de streaming n’a remporté l’Oscar suprême du meilleur long-métrage et cette année Netflix a deux candidats sur huit. Amazon Prime est présent dans cette catégorie phare avec «Sound of Metal» et a aussi décroché trois nominations pour «One Night in Miami» et deux autres pour «Borat 2». En raison du coronavirus qui a tenu le jury à l’écart des salles de projection et autres événements privés, les quelque 10.000 professionnels votant aux Oscars ont dû visionner les films sur la propre plateforme internet de l’Académie des Oscars. «On a presque l’habitude du streaming maintenant», a lancé un membre de l’Académie, qui défend traditionnellement l’expérience sur grand écran. Encore faudra-t-il aux oeuvres des plateformes devancer «Nomadland», déjà sacré aux festivals de Venise et Toronto, et qui vient encore de s’illustrer aux Golden Globes et aux prix de la critique américaine.