Oscars : «Spotlight» et «The Revenant» grands gagnants

Spotlight», saga journalistique sur les prêtres pédophiles, a été sacré meilleur film aux Oscars dimanche tandis que le western sombre «The Revenant» a notamment remporté le prix du meilleur réalisateur et offert à Leonardo DiCaprio sa 1ère statuette. La saga post-apocalyptique «Mad Max: Fury Road» est repartie avec une moisson de prix techniques – six statuettes sur dix nominations. «Spotlight», de Tom McCarthy, était servi par un remarquable ensemble d’acteurs dont Mark Ruffalo, Rachel McAdams ou Michael Keaton. Le réalisateur, primé pour son scénario, et les producteurs de ce film haletant ont rendu hommage aux victimes des abus sexuels dans l’Eglise et appelé le Vatican à agir. Leonardo DiCaprio, l’une des plus grandes stars d’Hollywood, a quant à lui reçu son 1er Oscar pour son interprétation d’un trappeur en quête de vengeance dans «The Revenant». L’acteur de 41 ans, qui a décrit ce tournage dans le Grand Nord canadien et la Patagonie comme l’une des plus difficiles expériences de sa carrière, était grand favori. Pour ce rôle, «Leo» a escaladé des montagnes avec de lourdes fourrures sur le dos, s’est baigné dans des rivières glacées et a dévoré du foie de bison cru. Il a reçu une ovation au Dolby Theatre et a appelé à agir contre le changement climatique. Alejandro Iñarritu entre quant à lui dans la légende d’Hollywood: déjà primé l’an dernier pour «Birdman», le Mexicain n’est que le 3ème metteur en scène de l’Histoire à réussir un tel doublé, après les mythiques après John Ford (1941 et 1942) et Joseph L. Mankiewicz (1950 et 1951). Preuve de la montée en puissance des Mexicains au firmament d’Hollywood, son complice et compatriote Emmanuel Lubezki est quant à lui le 1er directeur de la photographie à enchaîner 3 Oscars pour avoir capté la beauté sauvage du Grand Nord canadien et la brutalité du corps-à-corps de DiCaprio avec un grizzli. Chez les femmes, Brie Larson, bouleversante mère captive dans «Room» (meilleure actrice), et Alicia Vikander, épouse-courage de la pionnière des transgenres Lili Elbe dans «The Danish Girl» (meilleur 2nd rôle féminin), sont aussi reparties avec une statuette. En revanche le roi des films d’action Sylvester Stallone, qui était donné favori pour sa 7èmereprise du boxeur qu’il a créé, Rocky Balboa, a été évincé par le Britannique Mark Rylance, agent russe dans «Le Pont des Espions».

La virulente polémique sur le manque de diversité à Hollywood a marqué toute la cérémonie, en véritable fil rouge. Le présentateur noir Chris Rock a parsemé toute la cérémonie de sketches évoquant la frustration des Afro-américains face à leur difficulté à obtenir des rôles à Hollywood. Introduisant la cérémonie des Oscars, il a plaisanté: «s’ils nominaient les présentateurs, je n’aurais même pas ce travail!». Plus sérieusement, il a martelé: «Nous voulons que les acteurs noirs bénéficient des mêmes opportunités». La présidente de l’Académie qui décerne les Oscars, Cheryl Boone Isaacs, elle-même Afro-américaine, a appelé pendant la cérémonie «à agir» pour plus d’ouverture de la puissante organisation aux femmes et minorités. Parmi les grands moments d’émotion: l’Oscar de l’Italien Ennio Morricone pour la musique du film de Quentin Tarantino «Les Huit Salopards». Les larmes aux yeux, le compositeur de 87 ans a reçu une ovation. La chanteuse Lady Gaga entourée de victimes d’abus sexuels sur les campus universitaires a aussi tiré des larmes au parterre de stars.Parmi les autres faits marquants de la soirée, Disney a empoché un 4ème Oscar d’affilée pour «Vice-Versa», son chef d’oeuvre d’animation sur les émotions qui se bousculent dans la tête d’une petite fille. «Fils de Saul», 1er film du Hongrois Laszlo Nemes sur les Juifs forcés de travailler dans les chambres à gaz, a été sacré meilleur film étranger, doublant le franco-turc «Mustang».