Recours contre la cession d’un centre d’appel de Free: décision le 28 mai

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Cession stratégique ou sanction déguisée? La vente d’un centre d’appel de Free a été débattue mercredi au tribunal de Nanterre, les syndicats s’opposant à la cession de leur entreprise, un dossier dans lequel la justice tranchera le 28 mai. Dans une salle d’audience du Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre remplie de salariés de Mobipel, les avocats des syndicats ont demandé l’interdiction en référé (urgence) de la cession de leur entreprise au groupe Comdata, qui doit avoir lieu en juin 2018. Ce centre d’appel basé à Colombes (Hauts-de-Seine) dont les salariés assistent par téléphone les abonnés Free, avait été pointé du doigt par un reportage de Cash Investigation en septembre 2017, qui avait réuni 3,8 millions de téléspectateurs et qui a parcouru les débats de mercredi au tribunal. La vente «est en réalité l’aboutissement d’un processus illicite», a plaidé Me Céline Pares, avocate du comité d’établissement (CE). En 2014, les salariés avaient débrayé quelques heures pour s’opposer à un accord modifiant leur rythme de travail et par la suite, la direction a pris une «sanction collective», a-t-elle affirmé, à travers une «compression d’effectifs massive» de 57% en trois ans, avec 266 licenciements pour faute grave. Des «faits révélés» dans l’émission de Cash Investigation, a-t-elle ajouté. «La réelle intention c’est de se débarrasser de Mobipel», dans le but notamment de «baisser la représentativité de certaines organisations syndicales» dans le groupe, a abondé Me Abdel Kachit, conseil du syndicat Sud telecom Ile-de-France. «Il ne faut pas se contenter d’un sophisme, des rumeurs ou des faits journalistiquement retransmis, mais il faut aller sur la réalité du projet», a répliqué Me Erwan Jaglin, avocat de Mobipel et de MCRA, qui a brocardé «l’absence de sérieux» de l’émission de Cash Investigation.Selon lui, la cession intervient dans le cadre de l’implantation d’Iliad en Italie, où Comdata doit gérer la relation du groupe: la vente doit «permettre à Comdata de se former et d’être immédiatement opérationnel», a plaidé l’avocat. La cession a lieu «dans le cadre d’un projet extrêmement stratégique et qui fait sens, on n’a pas décidé de céder Mobipel pour s’en débarrasser», a-t-il poursuivi, ajoutant: «rien n’est affecté par la cession, c’est juste un changement d’actionnaire».