Telecom Italia voit les difficultés s’accumuler 

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L’opérateur Telecom Italia (Tim), déjà fragilisé par des tensions entre ses actionnaires Vivendi et Elliott, voit les difficultés s’accumuler: il a subi au troisième trimestre une perte monstre en raison de dévaluations d’actifs et n’a pas pu confirmer son objectif pour 2018. Sa perte nette sur le troisième trimestre s’élève à quelque 1,4 milliard d’euros, contre un bénéfice de 437 millions un an plus tôt. Sur les neuf premiers mois de l’année, elle atteint 868 millions d’euros (770 millions à périmètre comparable), contre un bénéfice de 1,03 milliard sur la même période de 2017. Les dévaluations réalisées se montent à quelque 2 milliards d’euros. Elles sont dues «à la détérioration du cadre compétitif et de la régulation, et à des plus hauts taux d’intérêts», a expliqué Tim dans un communiqué, en précisant qu’elles ne modifiaient «pas les priorités stratégiques du plan triennal». Dans ce contexte, le groupe n’a néanmoins pas confirmé son objectif pour 2018 d’un ratio dette nette financière rectifiée et Ebitda à environ 2,7 à fin 2018, établi avant l’acquisition des fréquences 5G. Le groupe a expliqué cette décision par de «nombreux facteurs, parmi lesquels l’amende liée au processus de Golden Power (infligée par le gouvernement en raison du non-respect des obligations de Tim en terme d’information, NDLR), la consolidation dans un contexte concurrentiel adverse, les tensions liées à la régulation sur le marché intérieur, auxquels s’ajoute la faiblesse du taux de change du real brésilien». En Italie, Tim a par ailleurs dû faire face à l’arrivée depuis juin de l’opérateur mobile français Iliad, qui a cassé les prix, comme il l’avait déjà

fait en France. Ses comptes seront aussi plombés dans les prochains mois par le chèque de 2,4 milliards d’euros qu’il devra débourser pour les fréquences 5G, bien plus que prévu initialement. Ces fréquences ont été adjugées dans la péninsule fin septembre – début octobre à l’issue d’enchères ayant atteint des sommes folles.

«Gestion désastreuse» : Parmi les autres données financières publiées jeudi soir, le chiffre d’affaires trimestriel de Tim a reculé de 4,9%, à 4,66 milliards d’euros (-4,1% à périmètre comparable, à 4,7 milliards). Le groupe affiche par ailleurs une dette nette de 25,2 milliards d’euros, en baisse de plus d’un milliard d’euros sur un an. «Malgré un cadre macro-économique et de marché complexe et difficile, les neuf premiers mois de l’exercice montrent une solide évolution de la gestion opérationnelle», a néanmoins assuré l’opérateur italien.Mais ces déclarations ne masquent pas les difficultés qui touchent Tim, tant d’un point de vue de ses résultats que de sa gouvernance. Vivendi est le principal actionnaire de l’opérateur avec 24% de son capital, mais il a perdu le 4 mai le contrôle du conseil d’administration (CA) de Telecom Italia au profit du fonds activiste américain Elliott. La liste «indépendante» portée par Elliott occupe désormais dix sièges sur les quinze du CA, et Vivendi cinq, et les tensions entre les deux actionnaires et leurs représentants sont récurrentes. «La nouvelle gouvernance est défaillante», a fustigé Vivendi début septembre, en se disant «profondément préoccupé par la gestion désastreuse de Telecom Italia» par Elliott. «La propagation de rumeurs (dont celles récurrentes du départ du directeur général de Tim, Amos Genish) provoque des dysfonctionnements nuisibles à la bonne marche et aux résultats de Tim», avait ajouté le groupe de Vincent Bolloré, en déplorant la forte chute du titre de Tim en Bourse depuis mai.