A l’approche du débat sur le projet de loi relative à la télévision du futur devant l’Assemblée Nationale (30 janvier 2007), Louis de Broissia nous éclaire sur un texte qui prévoit la fin de l’analogique et le passage au «tout numérique» au plus tard le 30 novembre 2011.
média+ : Pourquoi a-t-on donné une chaîne bonus aux opérateurs historiques ?
Louis de Broissia : C’est pour leur demander de faire du numérique le plus vite possible. On a besoin des historiques. Ceux-ci vont payer des émetteurs pour mieux couvrir le territoire. Dans la loi, nous demandons 95% de couverture par la TNT et le reste par le satellite gratuit. Ce sont des obligations fortes pour une chaîne, en plus des obligations de productions, les mêmes qu’elles avaient avant. La chaîne bonus ne pourra pas être utilisée avant. Ce n’était pas le cas dans le projet initial. De plus, c’est une chaîne bonus facultative. La télévision publique n’en a pas besoin : elle a un spectre déjà extrêmement large. S’il y a d’autres chaînes, ce sera après le 30 novembre 2011.
média+ : Connaît-on le nombre des fréquences qui seront dégagées grâce à la fin de l’analogique ?
Louis de Broissia: Non. On sait sur le plan technique que l’analogique prend 3 à 4 fois plus de place que le numérique ; mais en 2011, on sera passé à la télévision haute définition. On pourra voir la sueur sur le front du joueur de foot. Mais c’est la concurrence qui va nous dire si le consommateur final en veut comme il a voulu de la couleur. On n’a pas de fourchette, mais on a une volonté politique : ces fréquences seront réservées à la télévision, et non pas aux télécoms. Les opérateurs de télécoms s’intéressent dorénavant aux contenus. Orange, qui a diffusé en direct le dernier tube de Madonna, ne cache pas son intérêt. Nous encourageons les chaînes thématiques. Nous avons voulu ne pas les décourager. Lorsque la télévision mobile arrivera, toutes les chaînes pourront y accéder et pas simplement les actuelles chaînes de la TNT. Ce n’était pas le cas dans le texte initial du Gouvernement. Nous pensions qu’il fallait permettre l’accès aux chaînes thématiques. Je serais très intéressé d’avoir une chaîne sur les voyages sur la télévision mobile.
média+ : Avez-vous un regret quant à cette loi ?
Louis de Broissia: Pour ce qui est des télévisions locales, on n’a pas réussi à trouver un bouquet de télévisions locales donnant des informations télévisuelles de proximité. Pour l’instant, il n’y a que les télévisions régionales de France 3. Avant que le modèle ne se fasse. Une télévision locale éparse ne fonctionnera pas. Les grands annonceurs vont vouloir acheter de la publicité sur ces télévisions dans les villes de plus de 100 000 habitants. Le jour où il y aura des télévisions locales dans toutes les grandes villes de plus de 50 000 habitants, il y aura un marché publicitaire évident.