USA: WarnerMedia et Discovery forment un nouveau mastodonte du divertissement

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Le groupe américain de télécommunications AT&T va fusionner sa filiale WarnerMedia avec Discovery, créant un nouveau mastodonte du divertissement pour mieux tenir tête à Netflix et autres géants du streaming. Cette opération, qui devrait se conclure mi-2022, combine deux des plus grands groupes de médias aux Etats-Unis, proposant à la fois des chaînes du câble traditionnelles (CNN et HBO côté WarnerMedia, Discovery Channel, HGTV, Food Network, et Eurosport côté Discovery) et des plateformes de streaming. Le mariage annoncé lundi arrive au moment où le paysage audiovisuel américain est de plus en plus dominé par les grands noms du streaming que sont Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV. Face à ce nouveau modèle économique, sans publicité mais avec abonnement, plusieurs groupes ont déjà ressenti le besoin de muscler leur offre pour garder leur stature dans la jungle impitoyable du divertissement américain. AT&T, 1er câblo-opérateur américain et 2ème opérateur mobile, a ainsi lancé sa propre plateforme de streaming HBO MAX en 2020, et Discovery la sienne, baptisée Discovery+, en début d’année. «La nouvelle entreprise sera en mesure d’investir dans davantage de contenus originaux pour ses services de streaming, d’améliorer les options de programmation sur ses chaînes de télévision payante (…) et de proposer plus d’expériences vidéos innovantes ainsi que plus de choix aux spectateurs», soulignent les deux groupes dans un communiqué lundi. HBO MAX comptait 61 millions d’abonnés fin 2020 et Discovery+ 15 millions fin avril, tandis que Netflix en comptait 204 millions et que les plateformes de Disney (Disney+, ESPN+, Hulu) en recensaient 146 millions. Le chiffre d’affaires anticipé de la nouvelle entreprise est d’environ 52 milliards de dollars à l’horizon 2023. Des synergies sur les coûts à hauteur de 3 milliards de dollars par an sont également attendues. La nouvelle entité sera dirigée par le patron de Discovery, David Zaslav. L’opération acte en revanche l’échec de la stratégie d’AT&T dans les médias. L’ambition, guidée par le précédent patron Randall Stephenson, était de miser gros sur le divertissement en créant un groupe proposant à la fois la production de contenus et sa distribution, d’offrir par exemple des séries en streaming à regarder sur ses téléphones mobiles. Le groupe avait dans un 1er temps racheté, en 2015, l’opérateur satellitaire DirectTV. Il avait, 3 ans plus tard, bouclé le rachat de Time Warner – l’ancien nom de WarnerMedia – pour 85 milliards de dollars. En plus de CNN et HBO, AT&T avait alors mis la main sur les énormes productions Harry Potter et Batman via les studios Warner Bros, ainsi que sur les chaînes TNT, TBS et Cartoon Network. Mais pour Richard Greenfield, analyste à Lightshed Partners, AT&T n’est jamais parvenu à créer les «synergies» désirées entre ses différentes opérations. «Dans l’environnement médiatique actuel, il faut avoir une taille suffisante sur un marché spécifique pour être à la fois assez grand et assez agile afin de s’adapter aux changements technologiques et se tailler un espace significatif dans un paysage dominé par les plateformes», a-t-il estimé. Sous la houlette du nouveau DG, John Stankey, AT&T avait déjà vendu fin 2020 la plateforme de streaming spécialisée dans les séries d’animation japonaise Crunchyroll à Sony et annoncé en février la cession d’une partie de DirectTV à la société d’investissement TPG. La fusion avec Discovery permettra aussi à AT&T, qui affichait une dette nette de 169 milliards de dollars fin mars en raison notamment de ses nombreuses acquisitions dans les médias, de renflouer un peu ses caisses. L’entreprise recevra en effet environ 43 milliards de dollars en espèces et en titres de créances.