Zemmour poursuivi pour incitation à la haine raciale

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Le polémiste Éric Zemmour est poursuivi mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris notamment pour incitation à la haine raciale, à la suite d’une chronique à la radio dans laquelle il évoquait «les bandes» d’étrangers «qui dévalisent, violentent ou dépouillent». Le 6 mai 2014, Eric Zemmour avait dit sur RTL: «Les Normands, les Huns, les Arabes, les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacés par les bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent». A la suite de ces propos, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), partie civile aux côtés du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), avait saisi le tribunal. «Il est déterminant d’agir et de limiter ses interventions (…)», a estimé à la veille de l’audience l’avocat du CRAN, Me Alain Tamegnon Hazoume. L’avocat du polémiste, Me Olivier Pardo, affirme de son côté qu’«Éric Zemmour n’a fait que reprendre le constat de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP)», ce que réfute ce dernier. «On interdit à un journaliste de décrire le réel, de diffuser une information donnée par un organisme d’État, c’est gravissime, cela va au-delà de l’entrave à la liberté d’expression, il s’agit de la liberté d’informer», insiste Me Pardo. L’observatoire, placé sous la tutelle du Premier ministre, établit chaque année des statistiques sur la délinquance en distinguant les Français et les étrangers. «La notion de bande n’existe pas», souligne le directeur de l’ONDRP, Christophe Soullez. «Des études sur les mis en cause dans les vols ont été faites en fonction des nationalités, mais pas des origines», insiste l’organisme, alors que le fichage ethnique est interdit en France. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, saisi aussi par le CRAN à la suite de ces dires, avait «mis fermement en garde» RTL, considérant que les propos étaient «de nature à encourager des comportements discriminatoires vis-à-vis des populations expressément désignées, et de pouvoir inciter à la haine ou à la violence à l’encontre de celles-ci».