65e Berlinale : «Personne n’attend la nuit» avec Juliette Binoche en ouverture

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«Personne n’attend la nuit» de la réalisatrice espagnole Isabel Coixet, avec la star française Juliette Binoche en exploratrice polaire, ouvre jeudi soir le 65e Festival international du film de Berlin, placé sous le signe des femmes. «Personne n’attend la nuit» («Nobody Wants the Night») raconte l’histoire de Josephine, femme de l’explorateur américain de la fin du XIXe siècle Robert Peary, interprété par Gabriel Byrne («Usual suspects», «Dead Man»). L’actrice française, primée en 1997 à la Berlinale pour «Le Patient anglais» d’Anthony Minghella, interprète Josephine, qui part à la recherche de son mari au Groenland après plusieurs mois sans nouvelles. Elle va découvrir qu’une autre femme, Allaka, jouée par Rinko Kikuchi («Babel»), attend aussi son retour. «Personne n’attend la nuit» est l’un des 19 films en compétition cette année pour l’Ours d’or. 

Le trophée, remis l’an dernier au polar chinois «Black Coal, Thin ice» de Diao Yinan, sera décerné le 14 février par un jury présidé par le cinéaste américain Darren Aronofsky. Il est composé notamment de l’actrice française Audrey Tautou et du créateur de la série «Mad men» Matthew Weiner.  «L’avantage des festivals est qu’ils suscitent l’attention autour de films qui ont du mal à se créer un espace», a estimé face à la presse Darren Aronofsky, figure du cinéma indépendant, également scénariste et producteur, qui avait présidé en 2011 le jury de la Mostra de Venise. Habituée de la Berlinale, Isabel Coixet y a déjà présenté le drame «Ma Vie sans moi» (2003) ou «Lovers» (2008) en compétition. La réalisatrice espagnole est seulement la deuxième femme à ouvrir le festival, premier rendez-vous cinéma majeur de l’année, après l’Allemande Margarethe von Trotta en 1995 pour «Les Années du mur». Elle est aussi l’une des trois seules réalisatrices en compétition cette année, avec la Polonaise Malgorzata Szumowska et l’Italienne Laura Bispuri. Parmi les autres films en lice pour l’Ours d’or figure le nouvel opus du réalisateur Terrence Malick, «Knight Of Cups», sur les affres de la célébrité. Le cinéaste américain, Ours d’or en 1999 pour «La ligne rouge», y suit l’errance d’un acteur, interprété par Christian Bale, face à Cate Blanchett et Natalie Portman. Autre long métrage attendu, «Queen of the Desert» («Reine du désert») du vétéran allemand Werner Herzog, dressera un autre portrait de femme forte dans des situations extrêmes: l’aventurière et espionne britannique Gertrude Bell, interprétée par Nicole Kidman. Seul Français en compétition, Benoît Jacquot revient quant à lui à Berlin, où il avait présenté «Les Adieux à la reine» en 2012, pour «Le Journal d’une femme de chambre» avec Léa Seydoux, nouvelle adaptation d’Octave Mirbeau après celles de Jean Renoir et Luis Bunuel.

La Berlinale, qui veut présenter un cinéma aux accents plus politiques que certains de ses concurrents, fera à nouveau place au cinéaste dissident iranien Jafar Panahi, en montrant, en son absence, «Taxi», vision du Téhéran d’aujourd’hui à travers les vitres d’un taxi. Ours d’argent du meilleur scénario en 2013 pour «Pardé», Jafar Panahi, arrêté alors qu’il tentait de tourner un documentaire sur les troubles qui ont suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, a été condamné à six ans de prison. Il a retrouvé une liberté précaire qui lui permet de tourner, mais n’est pas autorisé à quitter son pays. L’Amérique latine sera très bien représentée dans la compétition, avec le film guatémaltèque «Ixcanul» de Jayro Bustamente et 2 longs métrages chiliens, «Le Bouton de nacre» de Patricio Guzman et «El Club» de Pablo Larrain.