Les télévisions, sensibles à l’air du temps, accroissent leur offre de programmes dits écologiques mais les dirigeants audiovisuels favorisent conseils pratiques, voire divertissement et téléréalité, pour ne pas faire fuir le téléspectateur. Les télévisions «ont la capacité d’appeler les gens à s’impliquer» et de «les aider à faire de la planète un monde meilleur», souligne Ben Stimson, l’un des responsables du groupe britannique BSkyB, lors d’une conférence au salon MipCom des programmes audiovisuels, à Cannes. «Mais nous devons garder en tête les désirs des téléspectateurs. Ce qu’ils veulent voir et ce qu’ils veulent faire», ajoute-t-il, mettant en garde contre «l’abus du facteur «peur»». «Nous devons diffuser de grands sujets» sur le réchauffement climatique «et tirer la sonnette d’alarme. Mais il nous faut le faire d’une manière qui séduise les gens», renchérit Sydney Suissa, de National Geographic Channels International. Même analyse pour MTV, qui a lancé en mai une grande campagne sur l’environnement à l’attention de son public (jeune), sur le modèle de sa campagne contre le SIDA initiée il y a dix ans. Les programmes sur le réchauffement climatique sont souvent perçus comme «trop abstraits, trop apocalyptiques», déclare Georgia Arnold, vice-présidente à MTV. «Mais, ajoute-t-elle, la peur n’est pas un message motivant et les jeunes «déconnectent»». Afin de séduire leur public, les chaînes proposent de plus en plus des émissions fournissant trucs et astuces pour réduire la consommation d’énergie, recycler et vivre de manière plus écologique. Il s’agit de créer de nouvelles habitudes, selon Georgia Arnold. MTV diffuse des programmes très brefs, qui jouent sur l’humour, pour inciter les jeunes à débrancher leur chargeur de téléphone portable, réduire leur consommation d’eau ou renoncer aux sacs plastiques au supermarché. «A côté des grands documentaires, la télévision s’oriente vers des formats plus divertissants», note Virginia Mouseler, directrice de l’agence The Wit, qui suit les tendances télévisées dans une trentaine de pays. De nombreuses émissions montrent ainsi des «tuteurs écologiques» qui vont aider des familles à réduire leur empreinte carbonique: «Cool Aid, the national carbon test» ou «Carbon cops» (les flics du carbone) en Australie, «High tension» en Belgique… «Wasted» (gaspillé) en Nouvelle Zélande met l’accent sur l’argent économisé par une famille lorsqu’elle adopte un mode de vie respectueux de l’environnement. Au Japon, l’émission «Ecolabo» propose des idées, parfois iconoclastes, pour réduire le gaspillage au quotidien. La télé réalité et les célébrités font également leur apparition. «Outrageous wasters», lancée cet été en Grande-Bretagne, envoie une famille peu soucieuse de l’environnement en «camp de survie écologique» et modifie pendant ce temps leur habitation en vue d’un meilleur respect de la planète. «Dumped», toujours en Grande-Bretagne, abandonne onze participants sur une décharge à ordures.