A. FAUCONNIER (Bureau de la Radio) : « Nous demandons la suppression de la publicité sur les antennes de Radio France»

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Alors que le nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) 2020-2022 de Radio France est en cours de finalisation, les radios privées dénoncent la suppression totalement du plafond annuel de recettes commerciales fixé à 42 millions d’euros. L’occasion pour média+ d’échanger avec Anne FAUCONNIER, Déléguée Générale du Bureau de la Radio.

Les radios privées dénoncent le nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens 2020-2022 de Radio France. Quelle en est la raison ?

Le nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) 2020-2022 de Radio France, en cours de finalisation, supprime totalement le plafond annuel de recettes commerciales fixé à 42 millions d’euros, ouvrant ainsi la porte à un accès quasi illimité du service public à la publicité. Dans leur avis sur ce nouveau COM, le Sénat et le CSA ont tous deux invité l’État à «revoir sa copie» afin de préserver les équilibres concurrentiels sur le marché publicitaire.

Quelle est l’origine de ce plafond ?

En 2016, lors de l’ouverture de la publicité commerciale sur les antennes de Radio France (France Inter, France Info et le réseau local France Bleu) dans le but de régulariser certaines pratiques déloyales et illicites sanctionnées par la justice, le Gouvernement s’était engagé à maintenir les grands équilibres du marché auprès des radios privées (financées exclusivement par la publicité) par l’instauration d’un montant annuel maximal (42 millions d’euros) de recettes publicitaires. Malgré de nombreuses alertes des radios privées et plusieurs rapports publics (CSA, Cour des Comptes, Parlement…), Radio France a systématiquement dépassé ce plafond au mépris de ses engagements et sans aucune réaction de son Ministère de tutelle.

Radio France est-elle davantage aidée ?

Radio France bénéficie, au-delà de ses recettes publicitaires, d’un financement public. Les ressources de Radio France en 2020, assurées à plus de 90% par la Contribution à l’Audiovisuel Public (CAP, redevance), vont au-delà de 630 millions d’euros, soit un montant supérieur à l’ensemble du marché publicitaire de la radio. Alors que le média radio traverse, comme beaucoup d’autres secteurs, une crise économique sans précédent, les éditeurs privés, qui diffusent les messages sanitaires gouvernementaux à titre gracieux, attendent toujours le versement du fonds de soutien exceptionnel à la diffusion hertzienne. Radio France, acteur public bénéficiant pourtant de règles moins contraignantes, notamment en termes d’exposition de la création francophone, est désormais officiellement autorisé à se comporter sur le marché comme un acteur concurrentiel. C’est inacceptable.

En quoi cette situation pénalise le marché ?

Les craintes exprimées par les radios privées avant le décret du 5 avril 2016 s’avèrent donc aujourd’hui exactes. Radio France voit son chiffre d’affaires publicitaire en forte augmentation depuis 2016, +30% en 5 ans, dans un marché radio structurellement en baisse depuis 15 ans (-28%). De plus, en 2020, période de pandémie, la régie publicitaire de Radio France est la seule qui voit son chiffre d’affaires progresser sur 3 trimestres par rapport à 2019. Enfin, Radio France réalise sa croissance grâce à des annonceurs communs aux radios privées. En 2020, 90% du chiffre d’affaires de Radio France est effectué avec des annonceurs communs aux radios privées.

Comment la pandémie a-t-elle impacté le marché ?

Le marché est structurellement en baisse. Pour rappel, le marché de la radio a perdu 15% entre 2004 et 2019. Entre 2019 et 2020, ce marché a encore baissé de 15% en raison de la pandémie. La crise a été très impactant pour les radios privées. Néanmoins, pour rappel, alors que France Bleu a fermé boutique au premier confinement, les radios privées ont continué à informer les auditeurs. Via sa régie publicitaire, Radio France agit comme un opérateur privé avec une garantie d’État qui finance 90% de ses dépenses.

Dans ce dossier, quelle est la position des radios privées ? Notre positon est de dire que le service public soit financé par la redevance et les radios privées par le marché privé. Comme préconisé par plusieurs personnalités politiques ces dernières années, les radios privées réunies au sein du Bureau de la Radio et du SIRTI, Radio Classique et Skyrock réitèrent leur demande de suppression de la publicité sur les antennes de Radio France. Si le Gouvernement remet le plafond à 42 millions d’euros, il doit être contrôlable, et ainsi faire en sorte d’arrêter ces dépassements. Radio France dément ce dépassement, mais les résultats publiés par la Cour des Comptes sont bels et biens présents. La balle est dans le camp de la Ministre. Elle doit signer, ou non, l’approbation du nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens 2020-2022. Nous ne souhaitons pas être dans une position de chantage, mais cette situation ne peut perdurer en l’état.