Acte : «L’Amérique du Nord est la principale zone d’accueil pour le cinéma français»

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Frédéric BEREYZIAT, DGA d’UniFrance Films

Le cinéma français réalise une excellente année 2014 dans les salles étrangères, avec 120,2 M d’entrées recensées pour 685,2 M€ de recettes. Pour connaître tout le travail opéré à l’étranger pour la promotion des films français, média+ s’est entretenu avec Frédéric BEREYZIAT, DGA d’UniFrance Films.

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Le cinéma français représente la 2nd cinématographie à l’export. Le 7ème art français est-il devenu attractif ?

Frédéric BEREYZIAT

Absolument ! Pour la deuxième fois depuis plus de 20 ans, les films français franchissent le seuil des 100 millions d’entrées à l’international, pour une moyenne de 81 millions d’entrées sur les 10 dernières années. Structurellement, depuis 3-4 ans, nous avons le sentiment que l’international est devenu un relais de croissance et un marché essentiel pour les films français. Nous faisons plus d’entrées dans le monde qu’en France. Nous enregistrons 120,2 millions d’entrées pour les films français dans les salles étrangères en 2014 contre près de 91 millions en France. Les recettes d’exportation des films français atteignent plus de 360 M€. La force de notre cinéma est d’être varié. Comédies et films d’animation fonctionnent bien. «Le Petit Prince» par exemple est un film en cours de commercialisation en 2015 aussi bien en France qu’à l’étranger. Et ce film est déjà le 1er succès d’animation de tous les temps alors qu’il n’est pas en exploitation.

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Dans quels territoires les recettes d’exportation des films français sont-elles les plus fortes ?

Frédéric BEREYZIAT

L’Amérique du Nord est la principale zone d’accueil pour le cinéma français avec 36,7% des recettes totales. L’Europe occidentale passe au deuxième rang des continents importateurs de films français avec 34,6% des recettes. L’Asie est un marché en forte progression (+18,9% sur 1 an), à 17,8 M€. En 2014, nous avions sorti 9 films en Chine qui ont enregistré 18 millions d’entrées. Mais il est très compliqué d’être présent sur les écrans chinois à cause essentiellement des quotas et de la censure mise en œuvre par les autorités locales.

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Est-il de plus en plus facile de promouvoir les films français à l’étranger ?

Frédéric BEREYZIAT

Non, c’est au contraire de plus en plus compliqué. L’espace accordé aux productions non nationales et non américaines se réduit partout, dans tous les territoires y compris en France. C’est en raison du rouleau compresseur américain qui fonctionne très bien avec des têtes d’affiche mondialement connues. Ils occupent une part croissante des écrans de cinéma et de télévision. Je vous cite un seul exemple: avec la sortie de «Star Wars» le 16 décembre, durant 15 jours,  très peu de choses auront de la visibilité sur les écrans du monde entier. Le cinéma américain tire près des 2/3 de ses recettes hors de ses frontières. Le budget de communication des films US est quasiment égal au budget de production d’un film. En France, il représente 15 à 20%.

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Comment UniFrance peut-elle intensifier la promotion des films français ?

Frédéric BEREYZIAT

Il faut créer du désir. Il faut donc partir de la base et attirer les jeunes spectateurs. Nous travaillons à l’étranger avec tous les partenaires français sur l’éducation à l’image. Nous travaillons aussi en direction des apprenants de la langue française et des universitaires. UniFrance organise aussi des événements pour créer le «buzz» autour de sorties de films. Début 2016, avec «Les Rendez-vous de Janvier», nous allons faire venir à Paris 350 acheteurs de films ainsi qu’une centaine de journalistes étrangers qui viendront découvrir en avant-première les œuvres qui sont à vendre. En même temps, nous développons une action en ligne entre le 18 janvier et le 18 février, «My French Film Festival» accessible dans plus de 140 pays et 10 langues étrangères.