Dans certains pays, des «détectives privés humanitaires» se substituent aux autorités défaillantes: un documentaire captivant du journaliste Paul Moreira, «Des citoyens contre l’impunité», tourné au Cambodge, montre la lutte menée par une petite ONG contre les pédophiles. Comme pour un précédent film sur les trafiquants d’armes pour lequel il avait suivi les «enquêteurs» d’Amnesty International, le journaliste s’intéresse cette fois à une petit ONG, «Action pour les enfants», fondée en 2003 à Phnom Penh par un Français, Thierry Darnaudet. Le journaliste avait repéré plusieurs pays. «J’ai choisi le Cambodge car c’est un pays que je connais bien, très destructuré après avoir vécu l’horreur khmer rouge et le choc de l’ultralibéralisation», explique Paul Moreira. Si une infime partie de la population connaît aujourd’hui un début de prospérité, le restant, et notamment les services publics (policiers, instituteurs, etc.), survit avec des salaires de misère. «Action pour les enfants», au modeste budget annuel de 300 000 dollars, est gérée uniquement par des Cambodgiens. Elle emploie 55 enquêteurs, dispose d’une douzaine de scooters et d’un unique 4X4. En dépit de ces maigres moyens, l’ONG est très active. Depuis 2003, grâce à elle, 64 pédophiles ont été arrêtés, pour la plupart des étrangers (sauf 17 ressortissants cambodgiens). «Nous avons tourné en un mois, en avril dernier, après une enquête de repérage en décembre. Les conditions de tournage n’ont pas été mauvaises à partir du moment où la confiance s’est instaurée», explique Paul Moreira.