Bilan RSF : cinq journalistes victimes emblématiques de 2014

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En Irak, en Chine, en Arabie Saoudite et en Azerbaïdjian, cinq cas de journalistes assassinés ou emprisonnés pour avoir exercé leur métier ont particulièrement marqué l’année 2014, indique le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF). 

D’abord l’assassinat du journaliste irakien Raad Mohamed Al-Azaoui, 36 ans, caméraman de la chaîne Sama Salah Aldeen TV, tué en public le 10 octobre 2014 à Samarra par le groupe Etat islamique (EI) pour avoir refusé de collaborer avec les jihadistes, aux côtés de son frère et de deux autres personnes. 

Ensuite l’arrestation de Raef Badawi, 30 ans, net-citoyen et lauréat du Prix RSF 2014 pour la liberté de la presse, emprisonné depuis 2012 pour «insulte à l’islam». Il a été condamné à dix ans de prison et 1.000 coups de fouet par la cour d’appel de Riyad, en plus d’une lourde amende, pour avoir propagé des idées libérales sur son site Liberal Saudi Network, rapporte RSF. Dénonçant une «sentence inhumaine, contraire au droit international», l’ONG a lancé une pétition, appelant le roi d’Arabie saoudite à accorder sa grâce à Raef Badawi. 

RSF dénonce aussi la décapitation par EI du journaliste américain James Foley, 40 ans, le 19 août 2014, une exécution dont la vidéo a été diffusée sur internet avec une mise en scène macabre.

 Deux semaines plus tard, le groupe jihadiste passait une seconde fois à l’acte, assassinant selon le même procédé un autre journaliste américain, Steven Sotloff, détenu en Syrie depuis l’été. 

La journaliste Khadija Ismaïlova, connue pour ses enquêtes sur la corruption au plus haut niveau de l’Etat azerbaïdjanais, est emprisonnée depuis le 5 décembre 2014. Initialement accusée d’espionnage, elle est finalement emprisonnée sous «l’accusation absurde d’avoir poussé un ancien collaborateur au suicide», explique RSF. Elle risque une peine de trois à sept ans de prison pour ce seul chef d’accusation. 

Enfin RSF rapporte le cas de la journaliste chinoise de renom Gao Yu, 70 ans, ancienne rédactrice en chef-adjointe du magazine «Economics Weekly», accusée de divulgation de secrets d’Etat au média allemand Deutsche Welle, qui a déjà passé sept ans en détention et risque 15 ans de prison. 

Lors de la première audience de son procès, le 21 novembre 2014 à Pékin, elle a plaidé non coupable, «récusant des aveux qui lui avaient été soutirés lors de sa détention en mai dernier», selon RSF. Elle a été la première journaliste à recevoir le Prix mondial de la liberté de la presse décerné par l’Unesco en 1997.