Canal+: plusieurs dizaines de salariés ont participé mardi à un rassemblement anonyme et silencieux devant le siège de la chaîne en soutien à Stéphane Guy

248

Le visage recouvert d’un masque à l’effigie de Stéphane Guy, plusieurs dizaines de salariés de Canal+ ont participé mardi à un rassemblement anonyme et silencieux devant le siège de la chaîne à Boulogne-Billancourt en soutien au commentateur récemment limogé.
Stéphane Guy, 23 ans de maison chez Canal et voix phare du foot français, a été licencié la veille de Noël pour avoir apporté son soutien à l’humoriste Sébastien Thoen, lui-même renvoyé début décembre pour une parodie visant CNews, la chaîne info du groupe, dont la maison-mère Vivendi est contrôlée par le milliardaire Vincent Bolloré.
Les manifestants, principalement issus de la rédaction des sports, se sont rassemblés une dizaine de minutes devant les locaux de la chaîne cryptée aux portes de Paris sans prendre la parole ni montrer leur visage pour «signifier» qu’ils sont «tous des Stéphane Guy potentiels, tous susceptibles d’être sanctionnés, licenciés abusivement, pour un mot de travers, un salut amical à un collègue à l’antenne», selon un communiqué. «Nous voudrions pouvoir nous exprimer librement, à visage découvert mais le climat de peur qui règne et les intimidations répétées nous en empêchent», ajoutent les auteurs du communiqué, réaffirmant leur «attachement à la liberté d’expression». «Ce communiqué et ce rassemblement étaient à la fois un soutien, un au revoir et un message» envoyée à la direction, selon un salarié du groupe Canal+ qui a requis l’anonymat.
Cette initiative vient s’ajouter aux nombreux soutiens déjà manifestés à l’égard de Stéphane Guy depuis Noël. Une pétition réclamant sa réintégration a ainsi récolté près de 6.000 signatures mardi après-midi, deux semaines après son lancement par deux fans abonnés de Canal+ sur le site Change.org.
Dans une tribune publiée fin décembre dans le «Monde», l’entraîneur et ex-international de football Paul Le Guen s’adressait lui directement à Vincent Bolloré pour contester l’éviction du «meilleur commentateur de football» qu’il connaisse. +Libres, le premier syndicat du groupe Canal+, s’était dit «indigné et choqué» par ce licenciement, «tant sur le fond que sur la forme», la Société des journalistes (SDJ) de Canal+ déplorant de son côté «des atteintes répétées à la liberté d’expression».