« Desierto » de Jonas Cuaron, une plongée dans l’itinéraire terrifiant d’un groupe de clandestins mexicains

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«Desierto», premier long métrage de Jonas Cuaron, fils d’Alfonso Cuaron («Gravity»), en salles mercredi, est une plongée dans l’itinéraire terrifiant d’un groupe de clandestins mexicains tentant de rejoindre l’eldorado américain à travers le désert. «Je voulais traiter de l’immigration (…) Mais je voulais le faire à travers un film de genre» pour «attirer un public plus large», a expliqué le Mexicain Jonas Cuaron, réalisateur, co-scénariste, co-producteur et monteur du film, lors du Festival du Film de Londres en octobre, où le film était montré en avant-première européenne. Inspiré par les films à suspense avec très peu de dialogues, Jonas Cuaron montre une course-poursuite sans concession, pour le meilleur ou pour la mort, au coeur d’un désert omniprésent qui tient autant le premier rôle que le Mexicain Gael Garcia Bernal ou l’Américain Jeffrey Dean Morgan. Un groupe de Mexicains cherche à rejoindre les Etats-Unis en traversant le désert de Sonora, au Sud de la Californie. Parmi eux, se trouve Moïse (Gael Garcia Bernal). Mais un milicien solitaire, Sam (Jeffrey Dean Morgan, de la série «Grey’s Anatomy»), accompagné de son chien, décide de les abattre. Ce film âpre, à la violence crue, dont le rythme s’accélère à mesure que les migrants tombent sous les balles de Sam ou les crocs de son chien, a une forte résonance avec la crise européenne en cours. «Evidemment, le film se déroule à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis mais je voulais le faire le plus universel possible», a ajouté le réalisateur de 34 ans, également co-scénariste de «Gravity», estimant que le contexte européen actuel le rendait «encore plus opportun». A travers l’épopée de Moïse, qui tente de rejoindre son fils aux Etats-Unis, «Desierto» montre le choc entre deux destins: celui des migrants, en quête d’une nouvelle vie aux Etats-Unis et celui de Sam, qui s’est auto-proclamé défenseur de «sa» terre américaine. «Jeffrey a créé un personnage très vulnérable», dit Jonas Cuaron jugeant que «le problème du racisme aux Etats-Unis» concerne «des gens qui sont eux-mêmes dans des situations de vulnérabilité et sont confrontés à des discours racistes de politiciens ou à travers les médias, ce qui les pousse à franchir la ligne rouge». L’originalité du film, rythmé par la musique anxiogène du Français Woodkid, réside dans le fait que, pour une fois, les rôles traditionnels sont inversés, selon Alfonso Cuaron, réalisateur oscarisé de «Gravity», et co-producteur du film de son fils.  «Habituellement, on voit un Américain vulnérable poursuivi par un groupe de talibans, une idée très bien acceptée. Là nous inversons les rôles, le migrant est celui qui est poursuivi par un justicier américain», a-t-il dit.