Fipa : Islam et jihadisme au cœur de l’édition 2016

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Le jihadisme et l’islam radical sont traités dans plusieurs fictions et documentaires présentés au Festival international des programmes audiovisuels (Fipa), dont la sélection cette année est fortement ancrée dans l’actualité. Pour sa 29e édition, jusqu’au 24 janvier à Biarritz dans le sud-ouest de la France, le Fipa s’est voulu «reflet du monde, un monde terrifiant mais fascinant, très dangereux mais ô combien séducteur», explique son président, Didier Decoin.

Le festival du petit écran propose une sélection éclectique de 140 oeuvres internationales, pour moitié inédites.Parmi elles, «Ne m’abandonne pas», un téléfilm de Xavier Durringer qui sera diffusé sur la chaîne publique française France 2. L’histoire d’une jeune fille (Lina Elarabi), brillante étudiante, tout juste reçue à l’institut d’études politiques Sciences Po, fierté de sa famille musulmane non pratiquante, qui se radicalise à l’insu de ses parents. Sa mère va tout mettre en oeuvre pour l’empêcher de rejoindre en Syrie un jeune homme parti faire le jihad. Côté grands reportages, «Salafistes», de François Margolin et Lemine Ould Salem, transporte le téléspectateur à Tombouctou et à Gao au Mali fin 2012. Les auteurs parlent avec la police islamique et les jihadistes qui surveillent les habitants et veillent à l’application de la charia pour traquer «les péchés», le vol, l’alcool, l’adultère, la promiscuité, les comportements douteux de tous et en particulier des femmes. L’enquête «Mijn Jihad», menée en Belgique et au Liban, cherche à savoir comment la communauté musulmane ressent et aborde l’extrémisme, selon son réalisateur, Mark de Visscher. A Vilvoorde en Belgique, un jeune explique que «chaque habitant connaît bien quelqu’un qui est parti» faire le jihad en Syrie. Des témoignages d’amis, de parents de ceux qui sont partis. A noter aussi, «The women who joined the Taliban», un film canadien de Kai Lawrence sur la conversion à l’islam d’une Canadienne après le 11 septembre 2001 et son départ en Afghanistan, ou «Among the believers», de Hemal Trivedi et Mohammed Ali Naqvi, un documentaire réalisé au Pakistan, au sein de la Mosquée rouge où les enfants sont éduqués dans la ferveur du jihad. «Le Fipa 2016 est un sismographe audiovisuel qui enregistre les secousses sociales et politiques de la société actuelle», résume Didier Decoin. Pour aller plus loin, une table-ronde ouverte au public samedi propose de «prendre du recul» en donnant la parole aux réalisateurs pour qu’ils expliquent les difficultés à traiter de l’extrémisme. D’autres sujets d’actualité sensibles seront présentés dans la sélection 2016, comme l’Ukraine, avec «Le choix d’Oleg», ou les migrants avec «Friedland», documentaire allemand sur l’histoire du camp du même nom qui accueille depuis 1945 des demandeurs d’asile du monde entier, ou «l’île aux enfants de l’exode», documentaire français sur des enfants qui ont fui la Syrie avec leurs parents et traversé la Méditerranée avant de s’échouer sur l’île grecque de Lesbos. Le festival présente aussi des programmes plus légers, comme la série britannique «Birthday», qui met en scène un couple dont c’est l’homme qui porte l’enfant, ou «Beatbox, Boom Bap autour du monde», un documentaire musical qui a ouvert le festival mardi soir. Parallèlement aux projections, le Fipa propose un rendez-vous professionnel, le Fipa Industry, marché du programme audiovisuel qui met cette année l’Espagne à l’honneur, avec la présence d’une quinzaine de représentants de l’audiovisuel espagnol. Dans le même cadre, débats et table-rondes éplucheront les tendances du secteur, notamment celles qui relèvent de la «révolution digitale». Le Smart Fipa, qui se penche sur les évolutions technologiques, s’intéressera cette année à la narration sensorielle, technologie sollicitant tous les sens pour raconter une histoire.