Fipadoc 2024: focus sur la sélection Jeune Création

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Le Fipadoc, le premier rendez-vous international documentaire de France, revient du 19 au 27 janvier à Biarritz pour une 6ème édition et annonce la sélection Jeune Création 2024.

De la chaleur des îles («Diorama», «La Ricomparsa delle Lucciole», «Nos Îles») à la moiteur des forêts («Lobos», «Forest of Frames»), de zones urbaines périphériques («Entre 10 et 100 hertz», «Budapest Silo») en campagnes dévorées par l’activité humaine («Gudow Nord», «Ánima»): au fil de leurs films se dessine une carte imaginaire d’espaces réels, ignorés ou fantasmés.

Cette question du territoire prend également une tonalité nouvelle, à l’heure où les conflits reviennent au devant de notre actualité. Les films convoquent le territoire que l’on quitte, dont on est privé et qui continue à nous habiter.

Au travers de six récits d’exil de protagonistes ukrainiens («Under the Wing of a Night», «One Aloe», «One Ficus», «One Avocado and Six Dracaenas», «Les Lumières de Kyiv», «L’Arche de Olaa») syriens («Fatmé») ou croates («Wild Flowers») l’espace s’effrite et les lieux ne sont plus arpentés qu’en tant que souvenirs. Dans ces films plus nettement qu’ailleurs, la caméra se place là où s’entrelacent l’intériorité et l’extériorité des êtres humains.

Au-delà de la représentation du territoire, les films partagent cette volonté de lier subjectivité et environnement. L’espace constitue ainsi un enjeu central de la mise en scène de l’intime. L’exploration des questions de temps et de vieillesse trouve un écho au cœur d’une forêt sinueuse («In the Midst of Chaos There Was Shape»), à l’ombre d’un arbre solitaire («Handful of Dirt») ou à l’intérieur d’un tronc évidé («Basia: Three Short Stories»).

La pénombre d’une chambre devient le lieu désigné pour explorer les questions de genre et de sexualité («A Norma») ; les remous d’un jacuzzi, le parfait miroir de l’avidité impudique d’un groupe de jeunes texans («Alpha Kings») ; un bus désert raconte la solitude que la précarité génère («Mis Niños de Madera»).

De là à inventer ses propres décors pour pallier aux manquements de la prise de vue réelle, il n’y a qu’un pas que les cinéastes franchissent pleinement.

Procédé du cyanotype («Blue»), effets numériques baroques («Words») ou modélisation en 3D («Dreams About Putin») nous rappellent que le documentaire ne se contente pas d’enregistrer le visible.