France 2 : «La Chute du Reich», documentaire réalisé tout en archives colorisées

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A partir de juin 1944, il a encore fallu onze mois d’une guerre sans merci pour délivrer l’Europe de l’emprise hitlérienne, que «La Chute du Reich», documentaire réalisé tout en archives colorisées, reconstitue «comme si c’était hier». 

La Seconde Guerre mondiale «demeure la plus terrible de l’Histoire», rappelle l’historien Olivier Wieviorka, coauteur avec le réalisateur David Korn-Brzoza de «La Chute du Reich» diffusé sur France 2 au soir du 8 mai, 70 ans plus tard. Le bilan du conflit est vertigineux. Autour de 50 millions de morts. Le sujet n’est pas neuf, mais le réalisateur estime que «les bornes choisies, du débarquement à la capitulation, ont été peu traitées. Et surtout les axes que sont le front de l’est et trois grands chocs : l’opération Bagration, l’offensive Vistule-Oder et la prise de Berlin, et le quotidien des Allemands pendant ces onze mois». Pour lui, on a trop tendance à oublier que la guerre ne s’est pas achevée à la libération de Paris en 1944. Tout en archives, les 100 mn de film ont été entièrement colorisées à l’exception des rares images tournées à l’époque en couleurs. Elles servent d’étalon à la colorisation «strictement supervisée», dit-il. «Il ne faut surtout pas se tromper». C’est un travail d’expertise «quasi scientifique». «Nous sommes allés chercher les images des actualités allemandes de l’été 1944 en Allemagne», explique le réalisateur. «Pour le front russe, nous avons des images inédites issues des archives soviétiques». D’autres proviennent de sources américaines, britanniques, françaises, canadiennes, et font la richesse et la singularité du document. On y voit la main d’Hitler trembler de stress dans son dos ou celui-ci recevoir, au lendemain d’une tentative d’attentat, son allié italien Mussolini. «Il faut une journée de travail pour coloriser une minute d’image», explique le réalisateur, «cela coûte très cher». D’autant qu’il a fallu aussi les sonoriser. «Les bruitages rythment le film», explique le réalisateur. De fait, une impression de passé très proche assaille le téléspectateur. «Comme si c’était hier, oui, la colorisation favorise cet effet». Le comédien Vincent Lindon prête sa voix au récit de cet enfer. En juin 1944, les alliés se réjouissent du succès du débarquement en Normandie. Ils ont la maîtrise du ciel. Le général Patton et son armée libèrent enfin l’est de la France. L’espoir est au zénith. «Ils pensaient finir la guerre à Noël», souligne le réalisateur, «il leur faudra cinq mois de plus». A l’Est, les forces soviétiques lancent l’opération Bagration le 22 juin 1944 et déferlent en Biélorussie. La Wehrmacht bat en retraite. «En entrant en Allemagne, les Russes ont derrière eux plus de 20 millions de compatriotes tués par les nazis», souligne le réalisateur. «ils sont assoiffés de vengeance et commencent à piller, voler, détruire les villages, à violer les Allemandes sans retenue, encouragés par Staline». «On a essayé de réinscrire ces femmes avec images et témoignages dans la grande Histoire, pour dire aussi que si toute une partie du peuple allemand avait été bourreau, une partie avait été aussi victime», ajoute Olivier Wieviorka. Ce sont ces mêmes Russes qui ont libéré les 1ers camps de concentration. Une suite au documentaire est actuellement en montage. Elle porte sur l’Europe d’après, partagée entre «deuil et espérance», dit l’historien. Berlin, Paris, Varsovie, Moscou, Stalingrad etc. sont en ruines et 40 millions de réfugiés, qui tentent de rentrer chez eux, se croisent sur les routes.  «L’après-guerre, ce sont aussi les spoliations, l’épuration, les pogroms etc.», rappelle le réalisateur.