France TV doit faire mieux avec un budget en baisse

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La future direction de France Télévisions devra être plus audacieuse dans ses programmes, attirer le jeune public, promouvoir la culture, développer le numérique et réformer France 3, le tout avec un budget en baisse. Et si nécessaire, renoncer à l’une de ses chaînes. Telles sont les missions fixées mercredi par l’Etat au prochain président du groupe audiovisuel public, qui prendra ses fonctions en août. Une feuille de route exigeante, annoncée solennellement par trois ministres, Fleur Pellerin à la Culture, Emmanuel Macron à l’Economie et Michel Sapin aux Finances. Le gouvernement laisse toutefois à la nouvelle direction le soin de trancher sur les choix délicats pour y parvenir. Il s’est appuyé sur le diagnostic plutôt sévère dressé par Marc Schwartz, ex-directeur financier de France TV. Le gouvernement n’a cependant pas repris plusieurs de ses suggestions: il a écarté un retour de la publicité après 20H00 et ne mentionne pas la création d’une chaîne d’info en continu. En revanche, la piste d’un élargissement de la redevance, déjà évoquée par François Hollande fin 2014, est bien sur la table. Cette année, la redevance a déjà été augmentée de 3 euros. Le gouvernement a toutefois averti que le budget de France TV (2,85 mds d’euros en 2015) serait «au mieux stable» et «plus probablement» s’inscrirait d’ici 2020 dans le mouvement de «baisse constatée ces dernières années».Conscient des contraintes de coûts, les ministres ont reconnu qu’il faudrait peut-être renoncer à l’une des chaînes publiques hertziennes en cas d’impasse budgétaire, mais laissent la prochaine direction libre de trancher. «Sans préjuger des choix de l’entreprise, l’Etat considère que maintenir cinq chaînes hertziennes ne sera possible, dans le cadre économique des cinq prochaines années, que si des réformes de gestion ambitieuses sont réalisées», indique la feuille de route. Le rapport Schwartz allait plus loin, estimant que «la pérennité de France Ô», qui n’a «pas trouvé son public», soulevait, «dans sa formule actuelle, des interrogations». Le gouvernement évoque aussi la nécessité de plusieurs réformes de fond, jusqu’ici régulièrement repoussées: réorganiser France 3, améliorer la gestion de la filière de production – c’est-à-dire le pool des techniciens, prêtés souvent à des sociétés extérieures – ainsi que celle du réseau outre-mer. Dans son rapport, Marc Schwartz critiquait notamment les «lourdeurs internes» de France TV et fustigeait la baisse de sa pda depuis 10 ans, tombée à 28,8% en 2014 contre 35% en 2008. En décembre, le CSA avait dressé un bilan critique de la présidence de Rémy Pflimlin, en poste depuis 2010. Il lui avait notamment reproché des fictions pas assez innovantes et l’absence de réforme de France 3. Reste aux prétendants à la présidence du groupe à intégrer ces objectifs dans le projet qu’ils doivent envoyer avant le 26 mars au CSA. Le nouveau dirigeant sera désigné d’ici au 22 mai.