L’application nutritionnelle Yuka de nouveau condamnée pour «pratiques commerciales déloyales» et «trompeuses»

263

L’application nutritionnelle Yuka a été condamnée lundi par le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence pour «pratiques commerciales déloyales» et «trompeuses» ainsi que pour «des actes de dénigrement» à l’encontre du fabricant de charcuterie ABC Industrie. 

Fin mai, le tribunal de commerce de Paris avait rendu une décision similaire au profit de la Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT), dont fait partie ABC Industrie. Basée à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône), l’entreprise, dont une gamme de jambons cuits jouit d’un mauvais classement par Yuka compte tenu notamment de leur teneur en nitrites, accusait l’application de lui avoir «occasionné d’importants préjudices financiers et moraux, outre une atteinte grave à sa réputation», selon le jugement. A

BC Industrie reprochait notamment à Yuka de diffuser des informations fausses sur les dangers des nitrites pour la santé des consommateurs. «Cette société vend essentiellement des produits à la coupe, ce sont des produits qu’on ne note pas dans Yuka», a réagi Julie Chapon, la cofondatrice de Yuka, qui a décidé de faire appel. «Nous avons été condamnés pour préjudice moral et réputationnel» mais «le système de notation de Yuka n’a pas été remis en question», ce qui «était leur principale demande», a-t-elle ajouté. Dans sa décision, le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence condamne Yuka à verser à ABC Industrie 25.000 euros de dommages et intérêts, contre 714.000 demandés par l’entreprise. 

L’application devra toutefois retirer les qualificatifs «mauvais» et «médiocres» attachés aux produits concernés ainsi que  l’appréciation «risque élevé» attribué à l’additif E250 (nitrite) ou encore des mentions précisant que les nitrites seraient «cancérogènes» ou «génotoxiques». «Nous sommes plutôt satisfaits» du fait que le tribunal reconnaisse que «les informations délivrées par Yuka doivent être justes et scientifiquement prouvées», s’est félicité Fabien Castanier, le délégué général de la FICT qui regroupe 300 entreprises, en majorité des PME. 

Fin mai, le tribunal de commerce de Paris avait interdit à Yuka «d’opérer un lien direct» entre une pétition visant à interdire l’ajout de nitrites ou de nitrates dans les produits de charcuterie et les fiches de l’application relatives à ces derniers. Yuka a également fait appel de cette décision. Avec l’association de consommateurs Foodwatch et la Ligue contre le cancer, Yuka participe à une campagne demandant le retrait des nitrites dans les charcuteries.