Le géant français Atos, en pleine déroute financière, présente ses résultats financiers mercredi

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Le géant français Atos, dont la déroute financière n’a cessé de s’accentuer, présentera mercredi ses résultats annuels, qui seront particulièrement scrutés par les investisseurs et les pouvoirs publics, après l’échec des négociations de rachat avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Après des mois de suspens, le groupe informatique a mis un terme fin février aux discussions entamées avec EPEI, société de M. Kretinsky, pour la vente de sa branche Tech Foundations. Dévoilée la veille de la publication très attendue de ses résultats financiers pour 2023, cette annonce avait repoussé au 20 mars leur présentation, dans l’attente d’une certification indépendante des comptes de l’entreprise. Très endetté et scruté de près par les investisseurs et les créanciers, le groupe avait annoncé dans la foulée que son c.a. en 2023 s’élevait à près 10,7 milliards d’euros, contre 11,3 milliards en 2022, et que sa marge opérationnelle était de 4,4% sur l’exercice. Les négociations entre Atos et EPEI n’ont pas réussi à trouver «un accord mutuel satisfaisant», avait alors indiqué l’entreprise dans un communiqué. Son DG Paul Saleh avait ajouté que la rupture des discussions s’était faite par «consentement mutuel», sans dédommagement de l’une ou de l’autre partie. L’abandon de ce projet de cession, officialisé en août 2023, faisait depuis plusieurs semaines l’objet de nombreuses rumeurs. Avec la fin des négociations, l’avenir du groupe plonge toutefois un peu plus dans le flou. Le projet de restructuration, entamé avec la scission d’Atos en 2 entités annoncée à l’été 2022, patine et son action a été dévaluée de plus de 70% depuis le début d’année. L’entreprise a renoncé début février à une augmentation de capital à hauteur de 700 millions d’euros. Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d’infogérance, reste en vente, a précisé une source proche du dossier. Pour l’instant, aucun autre repreneur ne s’est fait officiellement connaître, les discussions menées avec M. Kretinsky faisant l’objet d’une clause d’exclusivité. Fin février, Atos avait annoncé la nomination à son CA de David Layani, le patron du cabinet Onepoint, son 1er actionnaire avec plus de 11% de son capital. Onepoint était favorable aux négociations avec M. Kretinsky, mais à des conditions améliorées. Leur fin pourrait provoquer la mise en marche d’autres projets de cession. En octobre, Atos avait indiqué: «si l’opération avec EPEI n’a pas lieu, le groupe devra accéder aux marchés de capitaux (dettes et actions) ou envisager la vente d’actifs supplémentaires, afin d’assurer une liquidité adéquate pour faire face aux échéances de la dette en 2025». Le projet de vente à Airbus des activités Big Data & Security (BDS), dévoilé début janvier, est quant à lui toujours en cours. Ces cessions sont cruciales pour Atos, dont le niveau d’endettement affole les investisseurs, avec 3,65 milliards d’euros d’emprunts et obligations à rembourser ou refinancer d’ici fin 2025. Le groupe a annoncé début février la nomination d’une mandataire ad hoc, Hélène Bourbouloux, qui s’est notamment chargée des dossiers Casino et Orpea. Celle-ci s’est vu confier la mission de négocier avec 22 établissements bancaires, sous l’oeil attentif de Bercy. Atos possède en effet des supercalculateurs, notamment utilisés dans le secteur de la défense et le nucléaire, qui posent des enjeux de souveraineté. «Nous suivons étroitement les négociations avec les financeurs du groupe», a indiqué la secrétaire d’État chargée du Numérique, interrogée à l’Assemblée nationale fin février. Une mission d’information sénatoriale s’est également emparée du sujet et a déjà débuté avec des auditions à huis clos. Les dirigeants actuels, Jean-Pierre Mustier (président) et Paul Saleh (DG), seront entendus en public le 10 avril.